Après plus de 10 ans de discussions sur ce dossier controversé,
Berne, Vienne et Berlin devaient donner leur réponse à Ankara avant
mardi à minuit dernier délai. Les trois pays se seraient mis
d'accord pour refuser de garantir les risques à l'exportation pour
les entreprises suisses, autrichiennes et allemandes.
La Suisse, l'Allemagne et l'Autriche, qui ont fait cesser les
travaux et les livraisons de leurs entreprises sur le site du
barrage fin décembre, ne sont pas satisfaites des réponses données
par le gouvernement turc et, selon un haut responsable du
département de l'Economie, la décision est définitive sauf si la
Turquie envoie un rapport de 500 pages très concluant avant
l'échéance du délai. Ce que plus personne ne croit.
Exigences pas suivies
Les trois pays avaient déposé une liste de 155 exigences auprès
d'Ankara, concernant notamment la protection des 60'000 personnes
qui seraient déplacées si le barrage voyait le jour sur le Tigre.
Or, pour l'heure, seule une minorité serait assurée de
relogement.
D'autres revendications concernaient les biens culturels comme la
ville antique D'Hansakyef, menacée tout simplement de disparition.
Les conséquences pour l'environnement inquiétaient aussi les trois
pays. Des marais seraient asséchés et les conséquences seraient
perceptibles jusqu'en Irak.
Et la Turquie n'aurait fait aucune concession sur ces terrains:
Ankara affirme avoir pris des mesures tant dans les domaines
environnementaux que de relogement des populations.
Frédéric Boillat
Des conséquences pour les firmes suisses
Les entreprises suisses impliquées dans ce projet sont concernées directement par cette décision de Berne.
Si elles le veulent, elles pourront rester engagées dans ce projet, mais ce sera à leurs risques et périls puisque la Suisse ne garantira plus les risques à l'exportation.
Les firmes suisses concernées étaient Maggia, Stucky, Alstom et Colenco, pour un montant de 310 millions de francs.
Ces entreprises ont indiqué que cette décision pourrait avoir des conséquences sur l'emploi.