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L'alcool, source importante de blessures

La multiplication des établissements publics est-elle responsable de la multiplication des nuisances?
Même un faible niveau de consommation constitue un facteur de risque.
Un quart des blessés arrivant aux urgences ont bu de l'alcool au cours des six heures précédant le traumatisme, et un tiers des blessures liées à des violences peuvent être attribuées à une consommation d'alcool dans les 24 heures précédentes, selon une étude réalisée au CHUV.

Dans sa thèse de doctorat publiée sous le titre «Empty Glasses
and Broken Bones» (verres vides et os brisés), Hervé Kuendig s'est
penché sur des données collectées entre 2003 et 2006 lors de deux
études distinctes au service des urgences du Centre hospitalier
universitaire vaudois (CHUV) à Lausanne. L'échantillon porte sur un
total de quelque 8000 patients.



Son principal constat: 24,7% des blessés avaient bu de l'alcool
dans les six heures précédant la survenue de leur traumatisme.
Parmi eux, 33,3% s'adonnaient fréquemment à la «consommation à
risque épisodique», consistant à boire d'importantes quantités
d'alcool en une seule occasion au moins une fois par mois, et 13,1%
étaient des buveurs à risque (en moyenne plus d'une boisson par
jour pour les femmes, plus de deux pour les hommes).

Alcool et violence

Les blessures ont pu être classées en six catégories: violence
entre personnes (9,7%), trafic (19,1%), personnes de plus de 65 ans
(16,9%), travail (17,1%), sport (19,3%) et divers (17,9%). Le Dr
Kuendig, chercheur à l'Institut suisse de prévention de
l'alcoolisme et autres toxicomanies (ISPA) à Lausanne, a constaté
que la typologie du buveur variait dans chacun de ces
groupes.



Dans le premier par exemple, la violence interpersonnelle, les
personnes combinant une consommation d'alcool avant l'évènement et
une consommation usuelle à risque (gros volume et/ou fréquent
épisode à risque) sont surreprésentées (55,3%). Dans le sport, ce
sont des personnes sans consommation aiguë mais avec de fréquents
épisodes à risques qui sont en surnombre (38,3%).



Dès lors, il s'agit pour la prévention de ne pas cibler seulement
les groupes présentant des profils de consommation à risque, mais
l'ensemble de la population. L'on pourrait ainsi réduire de manière
significative le nombre de blessés, conclut le chercheur.



ats/anl

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À faible ou à forte dose

En outre, dans tous les cas, même un faible niveau de consommation constitue déjà un facteur de risque pour les différents mécanismes considérés, a précisé le Dr Kuendig.

Pour les évènements non intentionnels, chutes et accidents de la route par exemple, plus de la moitié des blessures dues à l'alcool sont le fait de bas niveaux de consommation.

Un verre ou moins pour les femmes, deux verres ou moins pour les hommes, souligne Hervé Kuendig dans ses conclusions.

Le risque de blessure augmente «dès la première boisson alcoolisée», et ensuite proportionnellement.

De surcroît, un lien de cause à effet a pu être établi entre la dose d'alcool et l'estimation du risque pour pratiquement tous les types de blessures.

Enfin, et ce n'est pas une surprise, 51,8% des blessures survenant de nuit se produisent après une consommation aiguë d'alcool. Pour la période du vendredi minuit au samedi à 08h00, cette part grimpe même à 82,6%.