Plus qu'une simple vitrine pour les initiatives populaires et les référendums, "Inilab Citoyen" a pour ambition de devenir le réseau social sécurisé pour le débat démocratique en Suisse.
Sur Inilab Citoyen, n'importe quel citoyen ou comité peut proposer et faire signer une initiative, un référendum ou un pétition, et cela à tous les échelons de la démocratie directe helvétique: communal, cantonal et fédéral. On peut aussi y lancer des débats autour d'une idée sans qu'elle aboutisse forcément à une initiative. Le but: utiliser le potentiel de la digitalisation pour augmenter la participation citoyenne.
"Jusqu'ici, il n'existait pas de véritable démocratie digitale en Suisse", explique Sébastien Floure, cofondateur et concepteur d'Inilab. En participant à des débats politiques ou citoyens sur Facebook et Twitter, "on s'expose, car on n'a aucun contrôle sur ses données personnelles", estime-t-il: "Sur Inilab, tout le monde voit la même chose. Les données sont hébergées en Suisse. Nous garantissons zéro publicité, aucune prise d'influence et aucune transmission des données à des tiers".
"Pas d'agenda politique"
Inilab a été cofondé par Tibère Adler, l'ex-directeur romand du think tank libéral Avenir Suisse. Mais selon ses concepteurs, la plateforme n'est pas de droite: "Nous ne trions pas les projets en fonction de critères politiques, seules les idées discriminatoires ou insultantes sont bannies", indique Sébastien Floure.
La plateforme a nécessité trois ans de développement et a été entièrement financée par les fonds propres des fondateurs: "Il s'agissait pour nous de rester indépendants", explique Sébastien Floure, qui ne veut pas préciser combien le développement d'Inilab a coûté.
A l'avenir, Inilab compte se financer par le crowdfunding et via Inilab Pro, le pendant commercial d'Inilab Citoyen: un site qui propose aux entreprises ou aux institutions des outils digitaux permettant de consulter habitants, employés ou clients.
Une première initiative populaire fédérale a déjà été lancée sur Inilab Citoyen: "Prévoyance oui – mais équitable", qui exige une réforme du 2e pilier. Un débat y est par ailleurs mené autour de l'idée du service citoyen pour tous.
Alternative à "We Collect"
Inilab se veut aussi une alternative à We Collect, leader de la récolte de signatures en ligne en Suisse. Créée par le Bâlois Daniel Graf, cette plateforme a déjà permis de rassembler plus de 340'000 signatures pour des initiatives et référendums majoritairement de gauche.
C'est notamment grâce à We Collect qu'un petit collectif de citoyens a réussi à provoquer le référendum fédéral contre la surveillance des assurés.
>> Lire : Le référendum contre la surveillance des assurés est en passe d'aboutir
Une troisième plateforme de récolte de signatures – elle, clairement bourgeoise – avait été lancée par de jeunes UDC et PLR alémaniques il y a quelques mois.
Mais Collectus peine à décoller, elle n'a permis pour l'instant de récolter que 3000 signatures pour une première initiative, celle demandant un moratoire sur l'e-voting.
Jean-Marc Heuberger/sjaq
Signature électronique toujours pas reconnue
Même si de plus en plus de signatures pour des initiatives et des référendums sont récoltées en ligne, il reste tout de même un grand obstacle au développement de la démocratie digitale.
La signature électronique n’étant toujours pas reconnue en Suisse, après avoir signé un texte sur We Collect, Inilab ou Collectus, il faut toujours imprimer le formulaire de récolte de signatures, y apposer son paraphe à la main et renvoyer le document par la Poste.