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La Confédération pourrait faire une croix sur les subsides d'assurance maladie

L'émission Forum du lundi 3 juin.
Désengagement de la Confédération pour les subventions des primes maladie: interview de Benjamin Roduit / Forum / 5 min. / le 3 juin 2019
Ueli Maurer ne veut plus que la Confédération mette la main au porte-monnaie pour les subsides d'assurance maladie, rapporte le Tages Anzeiger dans son édition du jour. Cette fuite a fait l'effet d'une bombe. Le chef des Finances souhaiterait que cette tâche revienne aux seuls cantons.

La Confédération finance 60% de cette aide pour les assurés qui n'arrivent pas à payer leurs primes. En 2018, elle a versé 2,8 milliards de francs. Une somme qui manquerait et que les cantons pourraient difficilement combler, alors qu'ils sont déjà plusieurs à avoir réduit leur part. Il faudrait donc s'attendre à une nouvelle baisse des subsides, et finalement à un report probable sur l'aide sociale.

La réduction de la participation des cantons est précisément au coeur de cet éventuel retrait. En conséquence, le grand argentier proposerait de tout couper et de répartir les tâches autrement. Mais, de source proche de l'administration fédérale, Ueli Maurer n'a pas le soutien, pour l'instant, d'une majorité de ses collègues. Le Conseil fédéral devrait en discuter d'ici la fin du mois, avant la réunion avec la Conférence des cantons le 28 juin.

Un projet décrié

Au Parlement, le ministre UDC ne peut pas non plus compter actuellement sur beaucoup de soutien. De gauche à droite, les élus dénoncent lundi un projet purement financier, sans réflexion de fond, qui va peser encore sur les primes maladie des assurés. L'OFSP avait même identifié la baisse des subsides comme l'une des raisons majeures de la hausse des primes toujours plus lourdes dans le panier des ménages.

Interrogé dans Forum, le conseiller national valaisan PDC Benjamin Roduit évoque le rôle de l'Etat fédéral: "La Confédération ne peut pas se désengager. C’est elle qui est à l’origine d’une bonne partie des coûts de la santé, avec les cantons certes, mais il faut rappeler qu'elle fixe les listes des prestations et des médicaments qui sont remboursables. Ce sont deux partenaires qui sont étroitement liés. Le problème principal actuel est la réduction des coûts de la santé et malheureusement ce n’est pas ce transfert de charges qui va le résoudre."

Le démocrate-chrétien craint également qu'un tel transfert ne gèle les avancées du Parlement: "Tout ce que nous avons réclamé pour freiner les coûts de la santé, comme par exemple les médicaments génériques, les frais administratifs, ou établir un financement uniforme entre les soins hospitaliers et ambulatoires, cela risque d’être gelé. Car c’est un paquet énorme, on parle de plusieurs milliards, et qui finalement va empêcher ces mesures d’arriver à leur terme alors qu'elles sont bien avancées."

Cette idée pourrait fâcher des acteurs comme les cantons ou les assurés, alors qu'il s'agit de trouver des compromis pour s'attaquer au problème des coûts de la santé.

Alexandra Richard/jfe

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