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"Le PLR et l'UDC ont d'excellentes raisons de céder un siège"

Luc Recordon, ancien parlementaire fédéral Vert, invité de La Matinale. [RTSinfo]
L'invité de La Matinale (vidéo) - Luc Recordon, ancien conseiller national Vert / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 10 min. / le 5 juin 2019
Selon l'ex-conseiller aux Etats vaudois Luc Recordon, Les Verts ont une bonne chance d'entrer au Conseil fédéral s'ils franchissent la barre des 10% aux prochaines élections fédérales et dépassent un parti gouvernemental. Un siège du PLR ou de l'UDC sont dans le viseur.

Les Verts suisses tambourinent depuis des années à la porte du Conseil fédéral. Avec la vague écologique de 2019, le moment est propice, mais il faut encore transformer la mobilisation en succès électoral dans les urnes lors des élections fédérales d'octobre prochain.

"Il faut en tout cas dépasser la barre des 10%", estime mercredi dans La Matinale l'ancien sénateur Luc Recordon, figure des Verts vaudois qui a quitté le Parlement fédéral en 2015 après avoir manqué une réélection à la Chambre haute.

Se placer devant l'un des partis gouvernementaux

"Il faudrait également certainement se placer devant l'un des partis gouvernementaux. Le plus modeste sera probablement le PDC, à 11-12%", poursuit Luc Recordon. Pourtant, les Verts ne visent pas forcément le siège du PDC: "Le système suisse actuel est proportionnel, très marqué par la formule magique. Or, le PDC n'a qu'un siège. Si on le lui prenait, il n'y aurait plus de PDC. Il faut donc viser un autre siège".

Ueli Maurer ne crève pas l'écran et Ignazio Cassis ne fait pas du bon travail

Luc Recordon

Et c'est vers l'un des deux sièges que comptent, chacun, le PLR et l'UDC que lorgnent les Verts. "A mon avis, tous deux ont d'excellentes raisons d'en céder un", avance l'ancien stratège. Pour lui, Ueli Maurer est là depuis longtemps et "ne crève pas l'écran". Luc Recordon se montre plus sévère encore envers le chef du Département fédéral des affaires étrangères Ignazio Cassis, en fonction depuis un an et demi, qui "ne fait pas du bon travail". Problème: son départ priverait le Tessin de son seul siège, qu'il a longtemps attendu, mais ce seul paramètre "ne justifie pas tout".

>> Lire à ce sujet : Le succès des Verts relance la question d’un siège au Conseil fédéral

Conseil fédéral: pas à tout prix

L'ex-conseiller aux Etats espère que les Vert'libéraux ne seront pas des concurrents cet automne et qu'ils seront "sensibles à l'importance, pour l'écologie, d'avoir un Vert au Conseil fédéral". Il ne tient pourtant pas mordicus à y faire entrer de force le parti: "Le but en soi n'est pas d'entrer au Conseil fédéral, mais de réorienter la politique fédérale. Pour cela, on peut peut-être imaginer négocier des changements de fond, en échange d'une renonciation à un siège", suggère Luc Recordon.

A la question de savoir s'il préfère un Conseil fédéral avec un Vert ou un gouvernement qui mette en oeuvre une politique écologiste, mais sans siège pour les Verts, il donne sa préférence à la deuxième option. "Mais pas en prenant des mesures en faveur de l'environnement n'importe comment, pas comme l'a fait Emmanuel Macron", précise-t-il.

Les vieux croûtons n'en font jamais assez

En tant que représentant de la "génération précédente" souvent accusée d'inaction par la jeunesse qui se mobilise dans la rue, Luc Recordon ne s'émeut pas vraiment de ces critiques. "C'est un peu dans l'ordre des choses. Les vieux croûtons dont je fais partie n'en ont jamais fait assez... Mais c'est aussi très stimulant d'entendre ce type de reproches. Et c'est d'ailleurs vrai que, dans ma génération et les précédentes, il y a beaucoup de gens qui ont été extrêmement immobilistes", concède celui qui a siégé sous la Coupole fédérale entre 2003 et 2015, même s'il se place du côté de ceux qui ont "secoué le cocotier".

Les thèmes que nous mettons en avant et qui nous inquiètent sont appelés, hélas, à rester sur le devant de la scène pendant longtemps

Luc Recordon

Après la première vague verte consécutive à la catastrophe de Fukushima, Luc Recordon ne pense pas que la deuxième lame qui déferle actuellement puisse n'être qu'un effet de mode. "Les mentalités changent. Je suis relativement optimiste à cet égard. Les thèmes que nous mettons en avant et qui nous inquiètent sont appelés, hélas, à rester sur le devant de la scène par la force des choses pendant longtemps encore."

Interview: Xavier Alonso

Adaptation web: Vincent Cherpillod

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