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"Dans le football féminin, la Suisse est en retard"

Linda Vialatte, présidente du FC Yverdon Féminin, décrypte l'engouement autour du Mondial féminin.
Linda Vialatte, présidente du FC Yverdon Féminin, décrypte l'engouement autour du Mondial féminin. / 19h30 / 59 sec. / le 9 juin 2019
Suivie par 10 millions de téléspectateurs lors du match France-Corée du Sud, la Coupe du Monde féminine suscite un fort engouement. Linda Vialatte, présidente du FC Yverdon depuis 30 ans, espère que cela donnera un signal fort en Suisse.

Pionnière du football féminin en Suisse, Linda Vialatte a suivi l’ouverture du Mondial féminin avec une vive émotion. "Vendredi, lors des hymnes nationaux, mes yeux se sont embués. On n’est peut-être pas arrivé au bout de nos luttes, mais on a fait un grand pas. On en a rêvé avec mes amies de football, mais on avait pas imaginé tout ça", a-t-elle confié dans le 19h30 de la RTS.

"C’est un échec pour la Suisse"

A la tête du FC Yverdon depuis 1989, la Grandsonnoise porte un regard critique sur le parcours de l’équipe de Suisse féminine et sur les instances dirigeantes. "C’est un échec pour la Suisse. Il faudra axer notre football sur la formation pour pouvoir être qualifié encore une fois", estime Linda Vialatte.

En 2019, la Suisse compte 27'000 licenciées, selon l’Association Suisse de Football, soit dix fois plus qu’il y a 20 ans. La Coupe du Monde et l’engouement médiatique qui l’entoure depuis quelques jours pourrait susciter de nombreuses vocations. Mais pour la présidente du FC Yverdon, encore faut-il que les clubs saisissent la balle au bond. "C’est vraiment l’événement parfait pour donner envie aux petites filles de jouer au football. Dans les clubs, il faut ouvrir les portes à ces filles pour qu'elles puissent pratiquer le sport qu'elles aiment", souligne-t-elle.

La Fédération Suisse pointée du doigt

Sur le plan financier, Linda Vialatte regrette que la Fédération Suisse ne donne pas plus de moyens aux clubs: "Il n’y a pas assez d’argent mis pour le football féminin". L’une des solutions serait de le faire entrer à la Swiss Football League, et que les associations régionales donnent un signal fort aux petits clubs pour favoriser l’accueil des filles. L’évolution doit passer, selon elle, par un changement de mentalité dans les cours d’école, mais aussi dans la formation des entraîneurs.

Régulièrement interrogée sur la place des femmes dans le football, cette féministe convaincue n’arrêtera son combat que lorsque les questions des journalistes porteront davantage sur la stratégie que sur la question des différences entre les sexes. "L’égalité sera obtenue quand vous me demanderez si mon équipe joue en 4-4-2, si elle joue défensif ou offensif et quelle est la tactique pour mon prochain championnat", ajoute-t-elle, sourire aux lèvres.

Cécile Tran-tien

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