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Grippe A: les entreprises se préparent au pire

En cas extrême, la Coop envisage la fermeture de magasins.
En cas extrême, la Coop envisage la fermeture de magasins.
Alors que les risques d'une aggravation de l'épidémie de grippe A/H1N1 se précisent, les entreprises suisses se préparent à faire face aux conséquences de la maladie. Si elles souhaitent rester discrètes, plusieurs sociétés ont déjà mis en place des procédures d'urgence et des cellules de crise.

De Coop à l'Aéroport international de Genève, de nombreuses
entreprises en Suisse ont un plan d'action en cas de pandémie, même
si la plupart des groupes ne souhaitent pas s'appesantir. A la TSR,
la direction a envisagé le cas de figure d'un fort absentéisme des
employés, avec des incidences sur le programme diffusé.

A l'aéroport, un plan d'action informatisé

A l'Aéroport international de Genève (AIG), des stocks de
masques et de gants ont été constitués depuis que l'OMS a déclaré
la phase 3 de l'épidémie, précise le porte-parole Bertrand
Stämpfli. Un état-major a été mis sur pied pour gérer le plan de
pandémie en cas d'aggravation de la situation. C'est lui, en accord
avec la direction, qui prend les décisions. Toutes les étapes
successives sont gérées par un système informatique.



En cas de fort absentéisme des employés, l'AIG a prévu un système
d'organisation de rotation du personnel pour que chaque service
puisse continuer à fonctionner. Enfin, l'aéroport aide les
entreprises liées (catering, bagages,...) à développer leur propre
plan de pandémie.



Les CFF restent de leur côté très discrets. L'ex-régie, qui dit
suivre les règles de l'OFSP, a mis en place une cellule et a
préparé un plan de pandémie. Mais le porte-parole Frédéric Revaz se
refuse à fournir d'autres détails sur une situation "qui reste
hypothétique".

Scénario catastrophe: des magasins fermés

Cet été, Coop a pris plusieurs
mesures, dont la mise sur pied d'un groupe de travail "pandémie"
qui se réunit régulièrement, selon les précisions de la
porte-parole Denise Stadler. Des masques et des solutions
désinfectantes sont mises à disposition des employés, ainsi que des
consignes précises en cas de toux et de grippe.



Cela fait deux ans que le grand magasin envisage tous les
scénarios. Si l'épidémie prenait une très grande ampleur, Coop
prévoit la fermeture de certains points de vente et la
concentration dans quelques centres commerciaux afin de garantir la
sécurité des collaborateurs et l'approvisionnement des clients dans
tous les cas.



Chez Nestlé, on met en avant l'expérience du groupe. Philippe
Oertlé précise en effet que Nestlé est actif dans le monde entier
et qu'à ce titre, l'entreprise a déjà expérimenté le travail en
sous-effectif, la distanciation entre les personnes ou le travail
avec des masques. Grâce à des mesures appropriées, Nestlé juge
qu'un minimum de salariés peut assurer une production adaptée à la
situation. Enfin, le groupe prévoit de mettre en place le
télétravail, qui permet aux employés de travailler depuis chez
eux.

Les administrations sur le qui-vive

Les cantons s'activent également. Concernant les écoles, le
médecin cantonal vaudois va calquer son attitude sur celle de
l'OFSP. Il n'y aura pas de décision de fermeture d'école sans une
décision fédérale, précise Eric Masserey, médecin cantonal adjoint
aux maladies transmissibles.



En revanche pour les crèches, la situation est plus délicate, car
les bébés de moins d'un an risquent davantage de tomber malades. En
cas d'aggravation de l'épidémie, le médecin cantonal pourrait
envisager des mesures plus directes dans les garderies, par exemple
une quarantaine ou des investigations particulières. Dans les
écoles fribourgeoises, une circulaire de prévention concernant
notamment l'hygiène est prête à être distribuée.



A la mi-août, après le retour de vacances, des directives seront
envoyées en outre aux entreprises du canton du Vaud, rajoute Eric
Masserey. Il leur sera notamment rappelé de mettre à jour leur plan
de continuité, qui permet de faire face à l'absentéisme des
employés. Le document répondra également aux questions qui se
posent sur le lieu de travail: "que faire quand un employé commence
à tousser?", "que peut-on mettre en place lorsqu'on travaille dans
un open-space?", etc.



Pour l'administration enfin, le médecin cantonal édictera aussi
des recommandations pour les mesures d'hygiène et pour la
protection des personnes travaillant au guichet.

La TSR a des programmes en réserve

La TSR est elle aussi mobilisée. Les
plans existants pour la grippe aviaire sont en train d'être
actualisés. La direction doit encore avaliser le programme en
préparation, mais on en connaît les lignes générales.



Si de nombreux employés de la TSR tombent malades, la volonté
première est de maintenir les programmes d'information ainsi que
les émissions pour la jeunesse si les enfants doivent rester chez
eux, souligne Christophe Chaudet à la Direction des programmes. Le
plan prévoit une répartition des forces de travail dans trois cas
de figure: le travail est faiblement perturbé (10% d'employés
absents), dégradé (20%) et fortement dégradé (40% et plus). Il
définit les émissions qui sont prioritaires dans chaque
scénario.



En outre, la TSR dispose de 50 heures de programmes déjà
enregistrés qui pourraient être passés à l'antenne en cas de
besoin, ainsi que de nombreuses autres émissions à diffuser.



Chez Edipresse enfin, le plan d'action prévoit que les quotidiens
du groupe (Le Matin, Le Matin Bleu, 24 heures, la Tribune de Genève
et Le Temps) soient remplacés par un journal unique en cas de
pandémie, selon un article du Temps.



Cécile Rais

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Les modèles et les conseils de l'OFSP

De nombreux pays, dont la Suisse et les Etats-Unis, s'attendent à une forte poussée de la grippe A/H1N1 jusqu'à l'automne.

L'Office fédéral de la santé publique estime que durant une vague pandémique, 25% des employés seront malades et donc absents de leur poste de travail, en moyenne de 5 à 8 jours.

L'absentéisme global pourra toutefois être plus élevé si les employés restent à la maison, par exemple pour s'occuper de leurs proches.

Donc, sur les deux semaines de pic de la vague, 40% des employés seraient probablement absents, sur un total de 4,229 millions d'actifs occupés en Suisse.

L'OFSP a publié un document à l'usage des entreprises. Il préconise la formation d'une "équipe de pandémie", l'analyse des fonctions internes de la société (dont les fonctions-clés, auxquelles il est impossible de renoncer), l'analyse des fonctions externes (relations avec les clients, les fournisseurs,...) et la réorganisation du travail (tâches non-urgents).

De plus, le document compte des conseils pour les employés à l'intérieur des entreprises, comme se désinfecter souvent les mains, rester à bonne distance de son interlocuteur, porter un masque,...

L'état de l'épidémie en Suisse

La sévérité des cas de grippe actuels reste modérée et correspond au déroulement d'une grippe saisonnière, selon les chiffres de l'OFSP.

En Suisse, 133 personnes ont été contaminées par le virus A/H1N1 depuis le début de la pandémie en avril dernier, dont 121 lors d'un voyage à l'étranger.

En outre, 51 cas suspects sont sous investigation dans différents cantons.

Actuellement, on est à dix nouveaux cas par jour, a précisé Patrick Mathys, chef de la section préparation pandémie à l'OFSP.

Dans le monde, 400 personnes ont jusqu'à présent succombé à la grippe porcine.

Les zones à risque accru sont l'Amérique du Nord, l'Amérique du Sud et Centrale, la zone Caraïbes, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Thaïlande, Singapour, la Grande-Bretagne et l'Espagne, selon la liste de l'OFSP.