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Un tiers des personnes radicalisées en Suisse vivent sur l'Arc lémanique

Des combattants des forces démocratiques syriennes qui ont fait face à l'EI près d'Hassaké en Syrie. [Reuters - Rodi Said]
Un tiers des personnes radicalisées en Suisse vivent sur l'Arc lémanique / Le 12h30 / 2 min. / le 12 juin 2019
Un tiers des personnes radicalisées en Suisse vient de l'Arc lémanique et 40% d'entre elles dépendent de l'aide sociale. Tels sont les résultats d'une étude présentée mercredi par la Haute école de sciences appliquées de Zurich (ZHAW).

Selon l'étude, basée sur des données anonymisées du Service de renseignement de la Confédération (SRC) ainsi que des interviews, 31,5% de l'échantillon de 130 cas (soit 41 cas) fourni par le SRC concernent l'Arc lémanique.

De manière générale, la Suisse romande est surreprésentée dans cette statistique: 42,3% des radicalisés recensés en sont issus. La Suisse alémanique compte 70 cas sur 130.

Un tiers de nationalité suisse

Un tiers des radicalisés relevés dans l'échantillon sont de nationalité suisse. Environ 35% sont nés en Suisse, plus de la moitié y ont grandi et deux tiers y ont été socialisés durant leur jeunesse. Parmi les voyageurs du djihad, les convertis sont largement surreprésentés, puisqu'ils représentent 20% des cas.

L'étude de la ZHAW s'est aussi penchée sur le contexte social des radicalisés. Ceux-ci se démarquent en prenant de plus en plus leurs distances par rapport à la société. Nombre de personnes concernées sont aussi au chômage. Conséquence de cette précarité, 40% des individus radicalisés sont dépendants des prestations sociales de l'Etat.

Toujours une menace

En comparaison internationale, la Suisse compte bien moins de djihadistes par nombre d'habitants que la France, la Belgique ou l'Autriche. Elle en dénombre, par ailleurs, une proportion légèrement plus faible que l'Allemagne, mais nettement plus élevée que l'Italie.

Le nombre de voyageurs du djihad a fortement diminué ces dernières années depuis les premières pertes du groupe Etat islamique (Daech) jusqu'à sa défaite militaire. Cette tendance vaut aussi pour la Suisse. Les personnes radicalisées restent toutefois une menace, selon la ZHAW.

ats/lan

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Pistes pour des solutions

"Détecter tôt des tendances de désintégration à l'école ou au travail et tenir compte d'activités criminelles augmente les chances de succès de mesures de prévention et d'intervention", souligne Miryam Eser Davolio, professeure à la ZHAW et directrice de l'étude.

Autre recommandation: il faut prendre des mesures de protection contre la propagande et le recrutement. Dans ce domaine, la dynamique de groupe et les contacts avec des personnes aux intérêts communs sont plus déterminants que la consommation de contenus en ligne, même si cette dernière constitue une caisse de résonance.

Les autorités d'exécution des peines doivent elles aussi relever le défi que représente la présence de détenus radicalisés. Les auteurs de l'étude suggèrent de transformer deux à trois prisons en centres de compétences destinés à des détenus de ce type. Le personnel doit suivre une formation continue, tous métiers confondus.