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Santésuisse brandit le spectre d'une nouvelle hausse des coûts de la santé

Les patients ont de plus en plus recours aux prestations médicales, relève Santésuisse. [Keystone - Gaetan Bally]
Santésuisse annonce une nouvelle hausse des coûts de la santé pour 2020 / Le 12h30 / 2 min. / le 17 juin 2019
Selon Santésuisse, les coûts de la santé vont à nouveau grimper de 3% en 2019 et 2020. Pour enrayer la hausse, la faîtière des assureurs maladie milite pour l'introduction de forfaits dans le secteur ambulatoire et le remboursement des médicaments achetés à l'étranger.

L'augmentation n'était que d'1,7% en 2017 et d'1% cette année, mais sans mesures efficaces, ce répit devrait prendre fin, estime Santésuisse. La hausse pourrait même atteindre 6% dans le secteur de la physiothérapie, en raison de l’augmentation du nombre de thérapeutes et de traitements.

Une hausse similaire est attendue dans le domaine de l'aide et des soins à domicile, avec pour origine le transfert des cas légers des EMS vers ces secteurs. Santésuisse craint également une hausse de 5% dans le secteur hospitalier pour les soins ambulatoires (sans nuitée à l'hôpital), ainsi que dans les laboratoires, car "les diagnostics médicaux y sont toujours plus nombreux".

Hausse des coûts de la santé attendue en 2019 (bleu) et 2020 (rouge) [Santésuisse]
Hausse des coûts de la santé attendue en 2019 (bleu) et 2020 (rouge) [Santésuisse]

"Chaque nouveau médecin coûte 500'000 fr. par an"

Ces hausses devraient se traduire par une nouvelle augmentation des primes d'assurance maladie de base, d'ores et déjà annoncée pour 2020.

>> Lire à ce sujet : Les primes maladie devraient augmenter de 2 à 3% en 2020

Elles pourraient convaincre les partis politiques de mener à bien leurs initiatives liées aux primes maladie, qu'il s'agisse de celle du PDC "Pour un frein aux coûts de la santé" ou de celle du PS qui veut limiter les primes à 10% du revenu disponible des ménages.

Les réductions attendues seraient financées par la Confédération et les cantons. Cependant, pour la directrice de Santésuisse Verena Nold, il faut avant tout faire baisser les coûts avant de mettre plus d'argent dans le système de santé: "Il faut économiser, baisser les prix des médicaments et des thérapies. Il y a aussi de plus en plus de médecins en Suisse. Or, chaque médecin coûte 500'000 francs par an, donc chaque médecin en plus fait augmenter les coûts, et par conséquent les primes", a-t-elle avancé au micro de la RTS.

Elle réfute au passage la responsabilité des caisses dans la hausse des primes, assurant que les charges administratives n'augmentent pratiquement pas grâce à la digitalisation, et ne constituent que 5% des coûts de la santé en Suisse.

>> Regarder le sujet du 19h30 qui revient sur la reponsabilité des médecins dans les coûts de la santé :

Le docteur Philippe Eggimann, ardent défenseur des médecins dans le débat sur les coûts de la santé.
Le docteur Philippe Eggimann, ardent défenseur des médecins dans le débat sur les coûts de la santé. / 19h30 / 7 min. / le 3 mars 2019

Importations parallèles et restructuration des hôpitaux

Santésuisse a donné ses recettes pour lutter contre cette nouvelle hausse des coûts. Parmi elles, la mise en place d'une comparaison annuelle des prix des médicaments avec l'étranger (contre tous les trois ans actuellement) et l'instauration d'un prix de référence. Ces deux mesures éviteraient que les génériques coûtent deux fois plus cher en Suisse qu'à l'étranger, estime l'instance.

Elle réclame aussi que les consommateurs puissent se faire rembourser les médicaments achetés à l'étranger, afin de lutter contre les différences de prix observées pour les préparations originales.

En matière de soins hospitaliers ambulatoires, Santésuisse plaide pour l'instauration de forfaits en lieu et place de la tarification à l'acte, qui "incite les prestataires à stimuler la demande". Elle appelle également à une restructuration des centres hospitaliers, qui passerait par l'instauration d'un minimum obligatoire d'opérations par établissement, et déplore un "esprit de clocher" qui empêche, selon elle, les corrections structurelles nécessaires dans le domaine hospitalier.

Sujet radio: Julien Bangerter
Adaptation web: Vincent Cherpillod

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