"Il est extrêmement difficile pour nous de pouvoir s'assurer de l'origine de l'or, de savoir s'il vient d'une mine artisanale légale ou illégale", explique dans le 19h30 le directeur général de Metalor Antoine de Montmollin. "On a mis énormément de ressources pour le faire, mais Metalor ne peut pas s'assurer seul que tout soit légalement correct."
"C'est avant tout des problèmes de pollution, l'utilisation du mercure, pour faire de l'extraction", ajoute-t-il. "En Afrique, c'est plutôt les droits humains lié au travail des enfants. Il y a également le fait que l'or est vendu à des prix trop bas, ce qui n'est pas correct, pas contrôlé par les gouvernements."
Action globale demandée
Cette décision intervient trois ans après celle d’un autre raffineur suisse, MKS Pamp, qui a lui aussi renoncé à tout approvisionnement en provenance de mines artisanales. Un mouvement qui réjouit les ONG qui dénoncent depuis des années les violations des droits humains commises dans les mines et leur environnement, notamment dans la mine péruvienne de la Rinconada .
Pour Julia Büsser, responsable des campagnes à la Société des peuples menacés, cette activité n’en est pas pour autant à bannir sur le principe. "Pour nous la solution est que le nombre d'intermédiaires soit restreint, que ceux-ci soient tenus de mener des contrôles réguliers et que le commerce de l'or soit plus transparent, dans le monde et en Suisse", explique-t-elle.
La Suisse, leader mondial
La Suisse est le plus grand raffineur mondial d’or: deux tiers de la production mondiale y est importé. En 2018, il s'agissait de 2256 tonnes. Face aux critiques, la Confédération a imposé des mesures de transparence. Insuffisantes selon les ONG, qui demandent notamment que l’origine de l’or - et plus seulement sa provenance directe - soit publiée.
Les ONG pourraient participer à la mise en place de filière vérifiables, estime également Antoine de Montmollin qui en appelle à des mesures globales. La réorientation de Metalor est en tout cas révélateur de l'air du temps et s'inscrit dans les débats sur l'initiative pour des multinationales responsables.
Pascal Jeannerat/ani