D'après les chiffres fournis par la faîtière des détaillants, la consommation de sacs en plastique à usage unique s'est effondrée de 86% depuis 2016, date à laquelle un accord de branche interdisant leur distribution gratuite aux caisses est entré en vigueur dans le secteur alimentaire.
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Pour Dominique de Buman, cependant, même si cette mesure s'est avérée très efficace, elle a été trop tardive. Il y a près de neuf ans, en octobre 2010, il avait déposé au Conseil national la motion "Halte à la pollution des sacs plastiques". Son objectif: charger le Conseil fédéral d'interdire la distribution de cornets en plastique dans les commerces. Elle convainc les deux chambres, qui l'adoptent en 2012.
Sept ans d'attente
Cette motion ne sera malgré tout jamais mise en pratique, car l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) préférera pousser les détaillants à conclure un accord de branche pour réguler leur distribution, selon Dominique de Buman (PDC/FR). Sept ans supplémentaires auront donc été nécessaires pour que l'utilisation des sacs en plastique jetables diminue significativement, alors que le gouvernement avait toutes les clés en main en 2012 déjà.
"La section juridique de l’Office fédéral de l’environnement s’est permis de faire une sorte de travail de résistance, de rébellion", estime Dominique de Buman. "Elle est entrée en contact avec la branche du commerce de détail pour lui dire: 'on ne mettra pas l’interdiction en œuvre. On va trouver une solution d’autorégulation'".
La section juridique de l’Office fédéral de l’environnement s’est permis de faire une sorte de travail de résistance, de rébellion
"L’OFEV a traité cette problématique avec Dominque de Buman et les commissions du Parlement concernées à plusieurs reprises", a rétorqué l'office, interrogé par la RTS. Pour lui, "ces travaux ont abouti à la conclusion qu'il fallait d'abord essayer une solution volontaire avant de modifier la loi pour interdire des sacs plastiques à usage unique".
De leur côté, les grands distributeurs défendent la mesure finalement adoptée: "On a trouvé une solution de branche, peut être pas la solution idéale, mais une solution consensuelle. Ça a beaucoup plus de sens que chacun fasse un pas en avant, plutôt qu'un seul distributeur en fasse cinq tout seul. Là, on a vraiment des mesures très efficaces", avance Tristan Cerf, porte-parole de Migros.
Champ libre pour le sac en coton
Les sacs en plastique restent toutefois en libre accès aux rayons fruits et légumes. Pour certains, la transition vers des alternatives durables aurait pu être plus rapide. A Sion, elle est en cours au traditionnel marché du vendredi: depuis la mi-juin, les clients se voient proposer un sac en coton payant, destiné à reléguer son équivalent plastique aux oubliettes.
"Notre objectif est vraiment de transiter du jetable au réutilisable. Si les clients arrivent déjà avec leur propre contenant, c’est idéal. Mais souvent, on met quand même plein de choses dans de petits sacs en plastique. On sort ensuite plein de déchets d'un grand cabas réutilisable...", témoigne Marianne Bruchez, chef du projet éco-marché Sion.
Même s'ils ont tardé à s’imposer, faute d'interdiction du plastique, les sacs biodégradables semblent progressivement se faire une place.
Sujet TV: Claude-Olivier Volluz
Adaptation web: Vincent Cherpillod
La série du 19h30 sur le plastique
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