Le Conseil fédéral continue à négocier pour résoudre le conflit
et a tenu une réunion téléphonique extraordinaire la semaine
dernière, entièrement consacrée au dossier libyen. Les tractations
butent toutefois toujours sur les exigences de Tripoli.
La Libye exige un arbitrage international et des blâmes contre les
instances genevoises impliquées dans l'arrestation du fils Kadhafi,
y compris le substitut du procureur Yves Bertossa. Et elle demande
toujours des excuses publiques de la Confédération et le versement
de 500'000 francs à une oeuvre de charité libyenne.
Au début de l'été, Micheline Calmy-Rey déclarait qu'un accord
entre la Suisse et la Libye était imminent. Avec le temps, il
semble au contraire que l'on s'en éloigne. Depuis, les attaques de
Mouhammar Kadhafi contre la Suisse se sont encore multipliées.
Mi-juillet, le leader libyen accusait la Confédération de financer
le terrorisme international et proposait de la démanteler.
Firmes suisses inquiètes
En attendant, les milieux économiques suisses commencent à
souffrir de cette longue crise diplomatique et ils tentent de faire
pression sur le Conseil fédéral, et en particulier le président
Hans-Rudolf Merz, pour sortir de l'impasse.
La Libye est un marché très convoité, à hauteur de 50 milliards de
dollars. Les grands travaux d'infrastructures lancés par Tripoli
constituent une manne prisée pour les grandes sociétés étrangères.
Et la soixantaine d'entreprises suisses d'ordinaire bien implantées
dans le pays pourraient être écartées, car tout ce qui a trait à la
Suisse est devenu indésirable après l'arrestation du fils Kadhafi
il y a un peu plus d'un an.
Beaucoup d'entreprises suisses perdent déjà passablement d'argent
avec le gel de leurs relations avec la Libye et certaines étudient
même la possibilité de poursuivre la Confédération, car sa
responsabilité serait engagée dans la gestion problématique du
dossier.
Selon des chiffres récemment rendus publics par le Secrétariat à
l'économie, le volume des exportations suisses a fondu de 70%
depuis l'arrestation du fils Kadhafi.
boi
Une crise déclenchée il y a plus d'un an
La crise entre la Suisse et la Libye a éclaté après l'arrestation d'Hannibal Kadhafi et de son épouse Aline le 15 juillet 2008 dans un hôtel de Genève. Ils avaient passé deux nuits en prison.
La procédure pénale à l'encontre du couple a été classée en septembre 2008 suite au retrait des plaintes des deux domestiques qui les accusaient de maltraitance.
Début avril dernier, la Libye a déposé une plainte civile contre l'Etat de Genève. Elle estime que la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires a été violée et que la caution fixée pour la libération des époux Kadhafi, soit 500'000 francs, était trop importante.
Les plaignants demandent 470'000 francs de réparations pour les dommages matériels, ainsi qu'un dédommagement de 40'000 francs pour tort moral et 10'000 francs pour leur fils.
En guise de représailles, deux hommes d'affaires suisses sont retenus depuis plus d'un an dans le pays de Mouammar Kadhafi. Les liaisons aériennes avec Tripoli sont toujours coupées et la quasi totalité des avoirs libyens en Suisse ont été retirés.