"Lorsque l’on compare le premier trimestre 2017 avec le premier trimestre 2019, ce qui permet de passer l'écueil du premier trimestre 2018 où il y avait eu une baisse artificielle à cause d'une modification des tarifs, l’augmentation des prix et des coûts à charge de l'assurance maladie obligatoire n’est que de 1,2%. Pendant la même période, l'augmentation des primes d'assurance maladie en 2018 et 2019 a été de 9%", déclare lundi dans La Matinale celui qui est également président de la Société médicale de la Suisse romande.
Selon le médecin vaudois, les prédictions avancées par Comparis sont le fruit d'une "mécanique bien huilée". "Ils font chaque année une prévision de hausse des primes qui est ensuite reprise par Santésuisse qui, telle Madame Soleil, annonce des hausse des coûts et donc des primes non seulement pour 2020, mais aussi pour 2021. Ces prédictions sont infondées lorsqu’on analyse les chiffres", affirme-t-il.
"Changer de système"
Philippe Eggimann est catégorique: pour lui, les réserves sont "très largement suffisantes". Il indique qu'elles ont triplé depuis le problème économique et la crise de 2008.
"Comparis et Santésuisse créent un climat favorable à la présentation de proposition de hausse de primes par les assureurs qui sont ensuite validées par l'Office fédéral de la santé publique. Puis ensuite, à l'automne, le Conseil fédéral sera pressé d’accepter ces hausses de primes. Le climat médiatique de désinformation ambiant poussera les parlementaires à soutenir ces mesures", avance le président des médecins romands.
Face à ce constat, le Vaudois demande plus de transparence. "Il faut suivre ce que le Conseil national a voté en mars à une large majorité, à savoir une motion qui demande au Conseil fédéral d’instaurer des règles sur la manière dont sont présentés et analysés les coûts de la santé. Une fois que nous aurons pu définir cette méthodologie, ce sera alors le moment de prendre des mesures à bon escient."
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Propos recueillis par Romaine Morard
Adaptation web: Guillaume Martinez
Les Suisses pas prêts à renoncer à des prestations de santé
Les primes d'assurance maladie constituent le principal problème financier des ménages, devant les impôts, selon le moniteur de la santé 2019 d'Interpharma. Mais les Suisses ne sont pas prêts à renoncer à des prestations.
Selon cette enquête publiée lundi, 86% des Suisses ont une impression globale positive ou plutôt positive du système de santé. Ce taux de satisfaction dépasse les 75% depuis 2013. Mais, dans le même temps, seuls 61% des sondés considèrent encore la qualité du système de santé comme bonne ou très bonne. C'est vingt points de moins qu'il y a un an.
En outre, une claire majorité des citoyens souhaite conserver le catalogue de prestations à son niveau actuel (63%), voire à l'étendre (26%, +10 points), et ils s'opposent à des coupes. De même, la disposition à renoncer soi-même à des prestations a reculé, même si cela devait permettre de faire des économies.