« Beaucoup de chemin a été parcouru depuis le début de l'année,
lorsque personne ne donnait cher du projet», a-t-il dit dimanche à
l'occasion de son dernier scrutin en tant que conseiller fédéral.
Le peuple a compris que cette démarche est nécessaire et a reconnu
le travail effectué en vue de réduire le nombre de rentes
invalidité, selon le ministre de l'intérieur sur le départ.
Il s'agit maintenant de continuer l'assainissement de l'AI, «sans
que cela devienne socialement irresponsable». La 6e révision de
l'AI va suivre une «ligne médiane responsable». «Cela ne sert à
rien d'être trop généreux si ensuite on doit battre en retraite car
on a épuisé l'argent», a assuré Pascal Couchepin devant la
presse.
Mais il n'est pas question non plus de mener une «politique à la
hache» contraire à l'esprit humaniste, selon lui.
6e révision en vue
C'est avec joie et soulagement que la quasi totalité des acteurs
ont réagi au «oui» à l'augmentation temporaire de la TVA en faveur
de l'assurance invalidité (AI). Ce financement additionnel accepté,
tous songent déjà à la prochaine étape: la 6e révision de l'AI.
L'objectif de cette 6e révision est de réduire d'un milliard de
francs les dépenses de l'assurance sociale.
Un premier volet, portant sur la suppression de 5% des rentes et
un mécanisme de financement, est en consultation. Le deuxième avec
des économies supplémentaires d'un demi-milliard sera présenté fin
2010.
Une victoire de la raison, selon le PS
Le PS voit dans ce résultat «une
victoire de la raison, un oui à la justice et aux acquis sociaux».
Pour les Verts, c'est un oui en faveur d'une vie digne pour les
invalides. Pour la suite, les Verts veulent emprunter de nouvelles
voies pour un assainissement de l'AI à long terme. Et de souligner
qu'ils observeront attentivement le travail de Didier Burkhalter
«et attendent avec impatience son plan de réformes».
Au sein du parti du nouveau conseiller fédéral, on affiche le
sourire. «Ce résultat est aussi un succès pour Pascal Couchepin»,
estime le PLR. Pour améliorer la situation, le parti propose de
supprimer les rentes des personnes atteintes d'une maladie
«difficilement définissable» et de les soutenir par des mesures
thérapeutiques et de réinsertion.
Diminuer le nombre de rentes
Le PDC ne voit lui qu'un moyen pour assainir durablement l'AI:
une réduction du nombre de rentes par une intégration accrue des
bénéficiaires de l'AI sur le marché du travail.
Seule l'UDC se dit déçue par le résultat de dimanche. Elle indique
qu'elle va maintenant travailler de toutes ses forces pour une 6e
révision de l'AI «qui met fin aux abus et qui réduit massivement
les charges de cette institution».
L'Union syndicale suisse estime que la hausse temporaire de la TVA
«ne règle pas tous les problèmes» et tourne son regard vers les
employeurs. Avec la 6e révision, il faudra mieux intégrer les
personnes handicapées sur le marché du travail, «un volet qui ne
concerne pas seulement le niveau politique, mais aussi celui des
entreprises», souligne le syndicat.
"Les PME en font beaucoup"
L'Union suisse des arts et des métiers estime qu'elle en fait
déjà beaucoup. Selon son directeur, Hans-Ulrich Bigler, «les
petites et moyennes entreprises intègrent déjà des personnes
handicapées, contrairement aux grandes entreprises». Du côté de
l'Union patronale suisse (UPS), on se focalise surtout sur un
assainissement rapide de l'AI. Il s'agit maintenant d'accélérer le
chantier de la 6e révision. Les comptes de l'AI doivent retrouver
leur équilibre d'ici 2018 sans financement additionnel, réclament
les patrons.
Dans ce combat, l'UPS est rejointe par Economiesuisse. La
Fédération des entreprises suisses exige «un assainissement
immédiat» de l'AI dans le cadre de la 6e révision. «Cette dernière
doit absolument être axée sur les dépenses et déployer pleinement
ses effets au plus tard à la fin 2017».
ats/nr
Associations d'handicapés soulagées
Pour AGILE, l'association faîtière d'organisations de personnes handicapées, des réformes sont bien entendu nécessaires. «Mais pas n'importes lesquelles», souligne son secrétaire romand, Cyril Mizrahi. Et de revendiquer plus d'insertion ainsi qu'un encouragement aux employeurs qui s'engagent pour les personnes handicapées.