La Suisse doit repenser son système de formation pour demeurer
compétitive au niveau international. Déclarant l'éducation
«principal investissement stratégique», les Académies des sciences
ont présenté lundi leurs exigences
sous forme de scénario basé sur l'an 2030, «le temps d'une petite
génération».
A l'école jusqu'à 18 ans ?
L'enfant né en 2027 commencera l'école enfantine bien plus tôt
que maintenant et fréquentera l'école obligatoire jusqu'à 18 ans, a
expliqué l'un des auteurs du livre blanc, Carlo Malaguerra, devant
la presse. Il aura sept chances sur dix d'obtenir un diplôme du
niveau tertiaire, soit le double d'aujourd'hui. L'origine sociale
ne sera plus déterminante pour y parvenir. Enfin, le système
d'attribution des bourses doit être revu de fond en comble.
Les dépenses pour la formation à tous les niveaux devraient
représenter 10% du PIB et 20% de la totalité des dépenses publiques
d'ici 20 ans. Actuellement, la Suisse doit importer chaque année
près de 30'000 cadres diplômés de l'enseignement supérieur, en
particulier dans le secteur médical. Pour le professeur Walther
Zimmerli, on ne peut pas continuer à «acheter» des cerveaux à
l'étranger.
Sus à l'apprentissage
La Suisse est avant-dernière en Europe en matière de taux
d'obtention d'une maturité, derrière l'Autriche. Les autorités ne
peuvent plus se cacher derrière le tant célébré modèle helvétique
de formation duale, avec l'apprentissage à côté des études.
Par ailleurs, «Cette filière va bientôt disparaître», a averti
Walther Zimmerli. Néanmoins, la maturité ne devrait plus être à
l'avenir une clé automatique pour accéder à l'université. Les
hautes écoles devraient se doter d'un meilleur système de
sélection, afin de réduire l'important taux d'interruption d'études
ou de changement de filière.
De manière générale, les auteurs du livre blanc souhaitent qu'il
soit possible, en 2030, d'intégrer le processus de formation tout
au long de la vie. Selon eux, la formation des enseignants est un
élément clé de la réussite du changement de paradigme, tout comme
une «rémunération concurrentielle et une valorisation sociale» de
leur rôle.
afp/ato
Centraliser la formation
Les Académies des sciences veulent simplifier et uniformiser les structures éducatives, en mains des cantons principalement aujourd'hui.
Elles prônent la création d'un Département fédéral pour la formation, la science et la recherche.
L'allergie développée en Suisse contre tout système centraliste est néfaste, d'après le professeur Walther Zimmerli.
En matière d'éducation, il s'agit de mettre en place une politique nationale cohérente et globale, au détriment des compétences cantonales, tout en l'intégrant à une stratégie internationale.
Débat public à Bienne le 24 septembre
Le livre blanc, présenté lundi par les Académies suisses des sciences, a été remis lundi au secrétaire d'Etat pour l'éducation et la recherche Mauro dell'Ambrogio ainsi qu'au secrétaire général du Département fédéral de l'intérieur Hans Ambühl. La prochaine étape est fixée au 24 septembre, date d'un débat public à Bienne, en présence des différentes instances concernées.