D'une durée d'une vingtaine de minutes, la rencontre entre les
trois hommes n'a pas été de nature politique mais s'est inscrite
dans le cadre de la tradition d'hospitalité et d'ouverture du pays
et du canton, dans lequel vivent un certain nombre d'adeptes du
bouddhisme tibétain, communique le Bureau d'information
vaudois.
Une rencontre "de courtoisie"
Elle a aussi été l'occasion d'un échange de vues sur la religion
et d'une présentation de la situation des religions dans le canton
de Vaud. Pascal Broulis et Philippe Leuba ont ensuite assisté à la
conférence publique donnée par le chef spirituel et prix Nobel de
la paix à la patinoire de Malley sur le thème de "la paix dans le
monde par la paix intérieure".
Une rencontre de courtoisie, a précisé Pascal Broulis, où il a été
question "des équilibres, du respect mutuel". Le dalaï-lama voit
"passablement de chrétiens venir à sa rencontre. Il n'y a pas de
concurrence entre les religions selon lui", a expliqué Philippe
Leuba. Le dalaï-lama "dégage une aura, une spiritualité très
forte", selon Pascal Broulis. "D'un côté, il y a un rayonnement
mondial, et de l'autre une très grande simplicité", a commenté
Philippe Leuba.
Le dalaï-lama doit encore s'entretenir jeudi matin avec la
présidente du Conseil national Chiara Simoneschi (PDC/TI), première
citoyenne du pays, à l'hôtel Beau-Rivage à Ouchy. Il s'agit
toutefois d'une rencontre informelle.
Durant son séjour en Suisse, le chef spirituel des Tibétains
n'aura pas été reçu par le Conseil fédéral. Il a affirmé ne pas
s'en offusquer, sa visite en Suisse étant d'ordre religieux et non
politique. L'enseignement et la conférence dispensée par le
dalaï-lama ont attiré quelque 13'000 personnes à la patinoire de
Malley à Lausanne, un véritable succès (lire encadré
ci-contre).
Invitation de dernière minute
Dans le même temps, on
apprend que le dalaï-lama ne rencontrera finalement pas les
autorités de la Ville de Genève jeudi. Son emploi du temps très
chargé ne lui a pas permis de répondre positivement à l'invitation
de dernière minute du maire. Aucune rencontre n'est prévue du côté
du canton.
Le Prix Nobel de la paix 1989 a un agenda très chargé. Il n'a pas
été possible de trouver un moment, a indiqué mercredi Zahi Haddad,
du service des relations extérieures de la Ville. En l'absence de
Rémy Pagani, maire de Genève, le dalaï-lama devait être reçu par le
conseiller administratif Patrice Mugny.
Le chef spirituel du Tibet sera à Genève jeudi pour une conférence
intitulée "Finding common ground" qui réunira, de jeudi à samedi,
des intellectuels chinois et tibétains. Elle a pour objectif de
promouvoir une "meilleure compréhension entre les deux communautés"
et "trouver des solutions pacifiques à la question tibétaine".
Silence du canton de Genève
Malgré la pression politique et médiatique, le gouvernement
genevois n'a pas cherché à le rencontrer. "L'accueil protocolaire
est réservé aux chefs d'Etat en mission officielle à Genève; ce
n'est pas le cas du dalaï-lama", a justifié le chancelier d'Etat
Robert Hensler. Et de remarquer que la Confédération suit le même
principe.
Le président du Grand conseil genevois, Eric Leyvraz, s'était
pourtant déplacé à l'aéroport de Genève lundi pour accueillir le
dalaï-lama. Venant de Francfort, ce dernier a atterri à la
Blécherette, à Lausanne.
Comme Eric Leyvraz sera à l'étranger à partir de jeudi, l'occasion
est ratée pour le législatif genevois. "Aucun remplaçant n'est
prévu. L'habitude veut que ce soit le président du Grand Conseil
qui se charge de ce genre de chose", a expliqué le sautier de la
République Maria Anna Hutter. Le protocole veut d'ailleurs aussi
que le législatif rencontre les institutions de même niveau.
ats/cer
Un succès exceptionnel
La visite du dalaï-lama deux jours à Lausanne est un succès qui dépasse les espérances des organisateurs. Près de 13'000 personnes ont participé aux différents événements. Quelque 100'000 francs de bénéfice ont pu être dégagés sur un budget de plus d'un million.
"On est super contents", a déclaré le porte-parle Jon Schmidt mercredi en tirant le bilan matériel du séjour du chef spirituel des Tibétains. "Tout s'est très bien passé, les gens sont ravis" et aucun incident n'est à déplorer.
Le bénéfice de 100'000 francs sera donné au dalaï-lama qui décidera de son utilisation. "Nous serons informés" de ce qui sera fait de cet argent, a assuré Jon Schmidt qui ne doute pas des choix éthiques que fera le dalaï-lama.
Les spectateurs sont venus de toute l'Europe, mais aussi d'Asie, des Etats-Unis. Plus de 500 personnes dont 360 bénévoles ont travaillé au succès de ces deux jours. Mardi, plus de 2000 Tibétains en exil ont été spécialement reçus par le dalaï-lama.
Jon Schmidt a rejeté toute accusation d'avoir voulu "faire consommer" du bouddhisme. "Nous avons fait les choses le plus simplement possible afin de faire partager le dalaï-lama à d'autres". Il n'y a pas eu de show, même si un tel rendez-vous devient "énorme» à cause de l'affluence". "On aimerait beaucoup refaire" un tel événement, le dalaï-lama étant "très content" de son passage à Lausanne.
Question sécurité, le principal problème s'est posé au niveau de la sortie du dépôt des véhicules des transports publics lausannois (TL).