"Il est dans l'intérêt de tous de trouver une solution réaliste
à la question tibétaine", a déclaré jeudi devant les médias le
dalaï-lama. A Genève pour ouvrir une conférence pour le dialogue
sino-tibétain, il a insisté sur la non-violence et le maintien du
Tibet en Chine.
"Stratégie payante"
Critiquée par un certain nombre de
Tibétains, cette stratégie est peu à peu payante, a déclaré le chef
spirituel du Tibet. En un an, il a rencontré des centaines
d'intellectuels chinois qui ont témoigné de leur solidarité envers
la cause tibétaine. «Un tel résultat ne s'obtient pas par la
violence, même si nous n'avons pas la confiance du gouvernement
chinois», a-t-il souligné.
Alors que le premier ministre chinois met l'accent sur le
développement harmonieux de la société, Beijing a tout intérêt à
trouver une solution à la crise tibétaine, selon le Prix Nobel de
la paix 1989. Car le Tibet est important pour l'image de la Chine.
Même si aucun dialogue officiel n'a repris, le dalaï-lama se dit
«très optimiste» à long terme.
Conférence de presse en chinois
La conférence de deux jours organisée à Genève par le Mouvement
international de la réconciliation et l'Association de l'amitié
suisse-tibétaine, intitulée «Finding Common Ground», vise à toucher
la population chinoise. Une centaine de représentants de la société
civile chinoise et tibétaine y participent, dont une majorité de
Chinois provenant du pays et de la diaspora.
Le matin, à son arrivée à l'hôtel Intercontinental de Genève où se
tient la conférence, le chef spirituel du Tibet a été accueilli par
une cinquantaine de Tibétains en vêtements traditionnels et des
sympathisants. Sans tarder, il a donné une première conférence de
presse en chinois de laquelle étaient exclus les médias
occidentaux.
"L'avenir de la Chine doit être démocratique"
Ensuite, devant les journalistes
occidentaux, le dalaï-lama a relevé le double langage de certains
dignitaires communistes chinois qui le critiquent en public tout en
affichant sa photo sur leur téléphone portable privé, signe de leur
adhésion au bouddhisme. Outre le besoin de spiritualité, l'avenir
de la Chine ne peut être que démocratique. «C'est logique», a-t-il
dit.
Egalement présent, Samdhong Rinpoche, président de
l'administration centrale du Tibet réélu en 2006, attend d'ailleurs
de tout pays démocratique, dont la Suisse, qu'il soulève la
question des droits de l'homme au Tibet lors de ses relations
bilatérales avec la Chine. Le Tibet demande à être autonome dans le
cadre autorisé par la République populaire de Chine, a ajouté le
dalaï-lama.
ats/ant
Rencontre à Lausanne avec Chiara Simoneschi
Auparavant, lors de sa rencontre à Lausanne avec la présidente du Conseil national Chiara Simoneschi, le dalaï-lama a demandé le soutien de la Suisse par rapport au réchauffement climatique, qui fait peser sur le Tibet «une menace plus grave que la menace politique».
La fonte des glaciers himalayens aurait des conséquences catastrophiques dans cette région où naissent les grands fleuves. Il a remercié le peuple et le gouvernement suisses pour leur hospitalité, rappelant que la Suisse était devenue le foyer de 4000 Tibétains, alors qu'il est «sans domicile depuis 50 ans».
Chiara Simoneschi a souligné que nombre d'entre eux étaient devenus suisses et qu'elle les représente en tant que présidente de la Chambre du peuple. "Nous avons évoqué les nombreuses valeurs qu'ont en commun le christianisme et le bouddhisme: l'amour pour le prochain, le respect, la tolérance, la non violence", a relaté Chiara Simoneschi.
Elle a aussi rappelé l'engagement de la Suisse en faveur des droits humains et le dialogue continu mené avec la Chine depuis de nombreuses années à ce sujet.