Bien que considéré comme le papable démocrate-chrétien le plus
sérieux pour contester le siège gouvernemental du PLR bientôt
vacant, Urs Schwaller a joué la prudence devant les médias
jeudi.
La gauche "gagnante"
Il a insisté sur le fait que le dernier mot sur la stratégie du
PDC en vue du 16 septembre reviendra au groupe parlementaire. Le
groupe, qui comprend par ailleurs les élus du Parti évangélique et
des Verts-libéraux, décidera dans un premier temps, fin août, de
l'opportunité d'entrer dans la danse. Si oui, il désignera le
candidat à lancer le 8 septembre, a rappelé le conseiller aux
Etats.
Urs Schwaller est conscient qu'il ne peut être élu le cas échéant
qu'avec l'aide de la gauche. Celle-ci ne serait pas perdante car
"le PS et les Verts trouveront plus de points de convergence avec
le PDC qu'avec le PLR". Il convient désormais de voir jusqu'où on
peut trouver un terrain d'entente, a analysé le Fribourgeois,
assurant qu'il n'y a pas d'accord secret.
La question de la latinité
Reste que "la revendication du PDC est
justifiée d'un point de vue arithmétique". Et de répéter que le
parti a toujours dit qu'il voulait récupérer son deuxième siège au
Conseil fédéral en 2011 au plus tard. "Le PDC représente le centre,
avec deux de ses représentants, les majorités changeront au sein du
gouvernement, en matière de politique familiale, mais également
dans le domaine des affaires sociales, du travail et de
l'environnement".
L'ancien ministre cantonal estime avoir plusieurs atouts, tant sur
le plan politique que personnel. Revenant sur la polémique autour
de son appartenance linguistique, il a fait valoir qu'une personne
vivant les deux cultures, romande et alémanique, doit aussi être
vue comme "une chance".
"Il serait décevant qu'une élection dépende de la langue qu'on a
entendu en recevant le biberon", a relevé le Singinois, qui a
alterné le français et l'allemand lors de la conférence de presse.
Il s'est toutefois montré confiant que le Parlement ne réduira pas
ce scrutin "à une pure question de langue maternelle".
Urs Schwaller est bilingue mais sa capacité à représenter les
Romands a été mise en doute depuis le début de l'été. Celle d'être
représentatif d'un canton bilingue comme Fribourg ne peut en
revanche pas lui être contestée. Le Fribourgeois est à l'aise avec
ses origines et ne les met pas en veilleuse. Né en 1952 à Fribourg,
il habite sa commune d'origine Tavel (FR), dans le district
germanophone de la Singine.
Un homme de dossiers
En termes de dossiers, l'actuel président de la commission de la
santé et de la sécurité sociale du Conseil des Etats estime avoir
les connaissances requises pour reprendre le Département fédéral de
l'intérieur dirigé par Pascal Couchepin. Il a énuméré les problèmes
encore à résoudre, à ses yeux, au niveau de l'assurance maladie, de
l'AVS et de l'AI notamment.
"Je connais ces dossiers et pourrais les reprendre dès le premier
jour", a déclaré celui qui se qualifie d'"homme d'exécutif". Urs
Schwaller prône la nécessité d'une personnalité qui "montre les
limites du système de santé" et les différents intérêts en jeu.
Concrètement, cela signifie que "celui qui veut bénéficier d'une
liberté de choix totale doit payer plus".
Urs Schwaller a plaidé pour davantage de concurrence, la baisse
des rabais accordés aux assurés qui optent pour une franchise
maladie supérieure à 300 francs ainsi que pour le réexamen du
catalogue des prestations remboursées par les caisses.
Les autres candidats
Urs Schwaller est le deuxième démocrate-chrétien fribourgeois à
sortir du bois, après le conseiller national Dominique de Buman. La
présidence du PDC cantonal, qui se réunira dans une dizaine de
jours, devrait présenter ces deux candidats au PDC suisse qui a
fixé la fin du mois comme délai aux sections pour se manifester.
"Ce n'est pas à nous, mais au groupe respectivement à l'Assemblée
fédérale de désigner le prochain conseiller fédéral. Le PDC
fribourgeois ne va donc pas choisir", a dit à l'ATS son président
Emanuel Waeber.
Du côté du PLR, quatre politiciens (les Genevois Martine
Brunschwig Graf et Christian Lüscher, le Vaudois Pascal Broulis et
le Neuchâtelois Didier Burkhalter) ont annoncé leur candidature. Le
président du parti, le Tessinois Fulvio Pelli, a indiqué lundi
qu'il se tenait à la disposition du groupe.
agences/cer
Portrait d'un candidat plutôt discret
Urs Schwaller est enfin candidat au Conseil fédéral. A chaque vacance depuis dix ans, les faiseurs de rois évoquaient son nom, mais lui restait discret. Cette fois encore le Fribourgeois était le plus cité au PDC depuis la démission de Pascal Couchepin. Et aujourd'hui, il sort du bois.
En 1999 déjà, après le départ conjoint de Flavio Cotti et Arnold Koller, son nom est prononcé. Il avertit alors son parti qu'il n'est pas intéressé et désire se consacrer à l'assainissement des finances cantonales dont il est le directeur. Il cède ainsi le pas à Joseph Deiss, bilingue comme lui et également ancré dans un des deux districts germanophones du canton de Fribourg.
Au départ-surprise en avril 2006 du même Joseph Deiss, son nom sera à nouveau avancé. Il ne cache pas son intérêt mais subordonne son éventuelle candidature à la décisison de la présidente du PDC suisse. Doris Leuthard se lance.
Rebelotte l'année suivante, lors de l'éjection de Christoph Blocher en décembre 2007: prudent, Urs Schwaller est de l'avis que le siège revient à l'UDC, mais il a de nouveau des adeptes. Eveline Widmer-Schlumpf accepte son élection. Mais son nom réapparaît pour la succession à Pascal Couchepin.
Docteur en droit, avocat, Urs Schwaller est élu à 34 ans préfet de son district. Après 5 ans de gestion régionale, il est élu en 1991 au Conseil d'Etat; il y restera jusqu'en juillet 2004, à la tête des finances cantonales. Celles-ci sont régulièrement citées en exemple.
En décembre 2003, il est élu au Conseil des Etats. Il y sera réélu quatre ans plus tard haut la main, comme pour toutes ses élections.
A peine sénateur, sa voix est écoutée dans l'hémicycle fédéral, dont il devient très rapidement un poids lourd. En 2005, les élus PDC sous la Coupole fédérale le choisissent comme chef de groupe.
Il siège dans trois commissions importantes: les finances, les institutions politiques ainsi que celle de la sécurité sociale et de la santé publique qu'il préside.
A l'aise aussi bien en allemand qu'en français, Urs Schwaller se montre néanmois assez discret avec les médias. Marié, père de trois enfants, attaché à la famille et à sa religion catholique, il concède aimer pratiquer le sport et cuisiner pour les siens.