Ecarts salariaux, organes dirigeants majoritairement masculins, manque de crèches...ces constats rappelés lors de la grève des femmes alertent toujours plus. Expert en ressources humaines, Alain Salamin a proposé dix solutions concrètes pour atteindre l'égalité au travail, via une chronique parue le 20 juin dans Le Temps. "Si la société discrimine 50 % de ses membres, on n'a pas un problème hommes-femmes, on a un vrai problème de société. Pour le résoudre, c'est son intégralité qui doit se lever", défend-il mardi dans La Matinale.
"Les femmes sont payées en moyenne 20% de moins que les hommes en Suisse, et ce sont souvent elles qui se sacrifient pour s'occuper de leur famille." Et selon une étude récente, les différences salariales se creusent dès l'entrée sur le marché du travail, bien avant la naissance d'un enfant.
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Introduire le congé parental et le temps partiel
Comme première étape vers l'égalité, Alain Salamin propose la promotion du temps partiel pour les hommes, un taux répandu chez au moins 60% des salariées. Par contraste, "80 % des hommes travaillent à temps plein." Mais entreprises et hommes sont encore frileux à l'idée de le réduire, notamment parce que les stéréotypes de genre ne sont jamais loin. "C'est toute l'image masculine de la personne qui ramène le revenu à la maison qui est touchée", explique le chargé de cours de l'UNIL. "C'est un premier stéréotype qui doit évoluer."
Je ne suis pas pour la contrainte. Je ne veux pas que tous ces efforts pour l'égalité soient vus comme coercitifs.
Deuxième étape, introduire le congé parental. "Cette solution permettrait de mettre les parents à égalité car elle offre le choix", défend Alain Salamin. "En Suède par exemple, les 480 jours de congé sont répartis entre l'homme et la femme et on peut les prendre sur huit ans. Ce qui signifie qu'on institutionnalise en plus le temps partiel pour les hommes." Autre avantage, il permettrait de mettre fin à la discrimination basée sur le genre à l'embauche.
Quid du système controversé de quotas au sein des entreprises? La solution figure à la sixième place de sa liste, même si l'expert en ressources humaines n'est pas favorable à la contrainte. "Je ne veux pas que tous ces efforts pour l'égalité soient vus comme coercitifs." Le mode "incitatif" doit prévaloir. Un coup de pouce que soutient d'ailleurs le Conseil fédéral, en proposant une part d'au moins 30% de femmes dans les conseils d'administration et 20% dans les directions d'entreprises cotées en bourse.
Propos recueillis par Xavier Alonso
Adaptation web: Alexia Nichele
Les syndicats exigent une série de mesures
Les syndicats ont réclamé mardi à Berne des mesures concrètes pour plus de parité hommes-femmes. Pour obtenir l'égalité, ils demandent un geste des patrons, dès cet été, lors des négociations salariales.
De meilleures conditions sont nécessaires dans le domaine de la santé, a indiqué la présidente du syndicat des services publics (SSP) Katharina Prelicz-Huber. Les revenus doivent prendre en compte les exigences et les charges professionnelles élevées. La présidente réclame une possibilité de retraite anticipée complète dès 60 ans ou une CCT dans le privé.
Le syndicat du personnel des transports (SEV) s'engagera pour le congé parental, avec un congé maternité de 18 semaines et de 10 à 20 jours pour les pères. L'engagement de ces derniers permettra de réduire le déséquilibre économique entre les hommes et les femmes, a expliqué la vice-présidente du SEV Barbara Spalinger. Le SSP s'engage lui aussi pour un congé de 18 semaines pour la mère, et d'un congé de huit semaines pour le père, le tout financé par les allocations pertes de gain (APG).
Par ailleurs, les associations de professionnels appellent les employeurs à appliquer la tolérance zéro vis-à-vis du sexisme. Elles demandent notamment la mise en place de formations préventives proposées à tous les salariés.
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