"J'exprime mes excuses au peuple libyen pour l'arrestation
injuste de diplomates libyens par la police de Genève", a déclaré
le président suisse lors d'une conférence de presse conjointe avec
le Premier ministre libyen Al-Baghdadi Ali al-Mahmoudi
(écoutez ci-contre l'interview réalisée par la
RSR). Les deux hommes ont signé un accord qui rétablit les
relations entre les deux pays.
Selon le texte, les deux Suisses retenus sur sol libyen pourront
regagner leur pays "dans les prochains jours". "Les Libyens m'ont
promis qu'ils les laisseront partir avant le 1er septembre", a
indiqué le conseiller fédéral. De retour en Suisse en soirée, le
président a en outre assuré au micro de la TSR qu'il avait discuté avec les deux hommes et
que ceux-ci affichaient un certain optimisme.
Toutes les activités consulaires et commerciales entre les deux
pays vont aussi reprendre.
Un tribunal arbitral indépendant
Le Département fédéral des finances
précise en outre que la Suisse et la Libye ont décidé de mettre en
place "un tribunal arbitral indépendant" pour enquêter sur les
circonstances de l'arrestation d'Hannibal Kadhafi à Genève.
Devant les médias, Hans-Rudolf Merz a dit avoir atteint les deux
objectifs qu'il s'était fixés en venant en Libye: régler "l'affaire
Hannibal" et faire revenir les sociétés suisses sur le marché
libyen. "Aujourd'hui, j'ai rempli ma mission et j'ai atteint mes
buts qui sont de liquider la situation de l'année dernière et
ouvrir la voie au marché libyen" aux sociétés suisses, a-t-il dit
en français. "C'est un résultat satisfaisant pour moi".
L'Appenzellois a aussi précisé à son retour à Berne que la décision
d'aller négocier en Libye n'avait été prise que mercredi soir à son
initiative.
De son côté, le Premier ministre libyen a indiqué que les "excuses
officielles et solennelles concernant l'arrestation injuste du
fils" du guide libyen constituaient un "premier pas" pour régler le
contentieux entre les deux pays.
Charles Poncet satisfait
Charles Poncet, avocat du gouvernement libyen, s'est dit "très
content" de l'accord trouvé entre Berne et Tripoli pour régler le
différend qui les opposait. Il a annoncé que la plainte déposée
contre l'Etat de Genève sera "suspendue" dans un premier temps et
"certainement retirée".
Tripoli exigeait ces excuses pour que les relations entre les deux
pays se normalisent, un an après l'arrestation d'Hannibal Kadhafi à
Genève. Le régime de Mouhammar Kadhafi demandait également la
création de ce tribunal international, ainsi que des blâmes pour
les autorités genevoises et le versement de 500'000 francs à une
oeuvre de charité libyenne.
agences/boi
Une crise déclenchée il y a plus d'un an
La crise entre la Suisse et la Libye a éclaté après l'arrestation d'Hannibal Kadhafi et de son épouse Aline le 15 juillet 2008 dans un hôtel de Genève. Ils avaient passé deux nuits en prison.
La procédure pénale à l'encontre du couple a été classée en septembre 2008 suite au retrait des plaintes des deux domestiques qui les accusaient de maltraitance.
Début avril dernier, la Libye a déposé une plainte civile contre l'Etat de Genève. Elle estime que la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires a été violée et que la caution fixée pour la libération des époux Kadhafi, soit 500'000 francs, était trop importante.
Les plaignants demandent 470'000 francs de réparations pour les dommages matériels, ainsi qu'un dédommagement de 40'000 francs pour tort moral et 10'000 francs pour leur fils.
En guise de représailles, deux hommes d'affaires suisses sont retenus depuis plus d'un an dans le pays de Mouammar Kadhafi. Les liaisons aériennes avec Tripoli sont toujours coupées et la quasi totalité des avoirs libyens en Suisse ont été retirés.
Cette semaine, le gouvernement Kadhafi avait formulé de nouvelles exigences. Ce jeudi, Hans-Rudolf Merz a présenté à la Libye les excuses officielles de la Suisse.