C'est une rafale de critiques comme on en avait pas lues depuis
longtemps qui condamnent les "excuses d'Etat", pour reprendre
l'expression de François Nussbaum dans L'Impartial , faites par
Hans-Rudolf Merz à la Libye. Une presse atterrée face à cette
Suisse qui paie cher le retour des otages et qui jette l'éponge
face au clan Kadhafi, comme l'illustrent les dessins de Burki , Alex et Ben .
La Suisse semble si faible sur la scène internationale que même
quand elle a raison, ce tout petit pays doit courber l'échine,
relève Le Matin . Et ce mot: "humiliation", qui passe de
une en une comme celle du Courrier , qui ne peut que déplorer
à son tour l'isolement du pays.
Le tarif maximal
La Suisse paie finalement le tarif maximal pour rétablir des
relations économiques normales avec le pays des dunes, constate
Le Temps . Dans cette crise, la
Suisse perd plus que son honneur. Elle est sèchement renvoyée à son
spectaculaire isolement. Aucun pays ami n'a volé à son secours. Au
fil des mois, face à un Etat intraitable, la Suisse a lentement
pris la mesure de son impuissance.
Une affaire que La Liberté sanctionne cruellement par cette
exclamation adressée au président de la Confédération: "Pauvre
Monsieur Merz!" Contraint pour sauver le pays à des génuflexions,
un jour devant l'hyperpuissance américaine, et le lendemain devant
"le chien enragé" du Proche-Orient, Muammar Kadhafi. La Suisse qui
n'a aucun moyen d'échange, déplore 24 heures , aucun moyen de pression face à un
dictateur dont le retour en grâce ne doit rien à la démocratie mais
au pétrole.
Indulgence outre-Sarine
Moins de lyrisme dans les gazettes alémaniques, et même de la
compréhension pour l'expédition surprise du président. Pour la
Neue Zürcher Zeitung , difficile de
faire autrement face à un clan dont on aurait pu comprendre plus
tôt qu'il ne pouvait pas être ramené à la raison. Et puis, ces
excuses ne sont pas une atteinte aux principes de l'Etat de droit,
ajoute la NZZ. Ce ne sont que des phrases vides, enchaîne la
Mittelland Zeitung.
Tout à fait, renchérit la Neue Luzerner Zeitung, ces excuses
politiques n'ont rien à voir avec un aveu de culpabilité. Les très
éventuels manquements des autorités genevoises, ce sera au Tribunal
arbitral choisi par Berne et Tripoli de les établir, rappelle le
journal de Suisse centrale. Titre de l'édito: "Grösse zeigen"
("Montrer de la grandeur"). Qu'on est loin d'une Suisse qui
s'agenouille...
sbo, avec Jean-François Moulin et Simon Corthay, RSR