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Affaire Kadhafi: Merz critiqué de toutes parts

Le voyage d'Hans-Rudolf Merz en Libye continue de faire des vagues.
Hans-Rudolf Merz de plus en plus sur la sellette depuis ce week-end.
La tempête autour de l'accord conclu par Hans-Rudolf Merz avec la Libye ne s'est pas calmée ce week-end. Eveline Widmer-Schlumpf et Doris Leuthard attendent des éclaircissements. Quant à Jean Ziegler, il a estimé que le président de la Confédération avait "saboté" le travail du DFAE.

Pour Jean Ziegler, après une année de travail de la task force
du DFAE, les Libyens étaient sur le point d'accepter des regrets
plutôt que des excuses. C'est ce que le sociologue a déclaré
dimanche dans l'émission "Infrarouge" de la TSR.



Selon lui, le président de la Confédération "s'est fait rouler
dans la farine" et il était "totalement scandaleux de s'excuser au
nom du peuple suisse". Le bouillant Genevois a également subodoré
derrière cette manoeuvre l'influence "des milieux économiques
zurichois".



Participant au même débat de la Télévision suisse romande, le
conseiller national Christian Lüscher (PLR/GE) a estimé quant à lui
que grâce à Hans-Rudolf Merz, la Suisse avait évité, contrairement
à d'autres pays, de devoir verser à la Libye "d'énormes
compensations financières". Selon lui, les Libyens sont des gens de
parole et les otages devraient prochainement rentrer au pays.



A ce propos, Jean Ziegler a relevé que les deux Suisses pourraient
bénéficier d'une amnistie générale prévue à l'occasion des 40 ans
de la révolution libyenne. Le Genevois, qui réfute tout lien
d'amitié ou de complicité avec le leader libyen, s'envolera début
septembre pour Tripoli dans le cadre de ces festivités.

Micheline Calmy-Rey sur la réserve

Très directement concernée en tant que ministre des Affaires
étrangères, Micheline Calmy-Rey est demeurée sur la réserve. Elle
n'a pas souhaité s'exprimer sur la question de savoir s'il fallait
présenter des excuses à Tripoli après l'arrestation du fils
Kadhafi.



"Je ne dis rien à ce sujet", a-t-elle déclaré à la
"SonntagsZeitung" et au "Matin dimanche". Elle espère surtout le
retour le plus rapide possible des deux otages retenus en Libye.
Cela lui tient à coeur: "ils sont ma principale préoccupation
depuis 370 jours".



Si Micheline Calmy-Rey reste mesurée, la tension n'en est pas
moins palpable. Son département conteste les déclarations de Merz
selon lesquelles la Direction du droit international public du DFAE
aurait eu largement connaissance du contenu de l'accord, quelques
détails ayant cependant encore changé en Libye.



Ni la cheffe du département ni la direction du droit international
public n'ont pu examiner l'accord signé, affirme-t-on au
Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

"Sur le plan juridique, on ne peut pas s'excuser"

De son côté, la ministre de la
Justice Eveline Widmer-Schlumpf émet des réserves d'ordre juridique
concernant le recours à un tribunal arbitral. La police genevoise a
agi dans le cadre de ses compétences et le gouvernement genevois a
attesté que son comportement était correct. "Et il devrait
maintenant y avoir une procédure arbitrale dans le domaine de
compétences du canton. Qui plus est à l'étranger, à Londres", s'est
étonnée Eveline Widmer-Schlumpf dans un entretien au journal
alémanique " Sonntag ".



En tant qu'ancienne conseillère d'Etat, elle comprend la mauvaise
humeur du canton de Genève. Car la police et le gouvernement sont
soupçonnés d'avoir fait quelque chose qu'il n'auraient pas
dû.



Eveline Widmer-Schlumpf a aussi déclaré avoir été surprise par cet
accord dont elle ne savait rien. "Nous évoquerons le contenu de
l'arrangement lors de la prochaine séance du Conseil fédéral". A
son avis, il faudra aussi clarifier la question de savoir si le
Conseil fédéral doit encore entériner l'accord.



Les excuses présentées par le président de la Confédération
Hans-Rudolf Merz seront également discutées au gouvernement. La
ministre de la justice espère le retour des deux otages suisses
dans les deux prochaines semaines. Sinon, on se trouvera "en grande
difficulté sur le plan politique".

"L'important, c'est le résultat"

"Nous discuterons certainement du déroulement des opérations au
sein du Conseil fédéral", a déclaré la ministre de l'Economie Doris
Leuthard samedi à Genève en marge du Congrès du PDC. L'important
est à ses yeux le résultat.



"Nous devons maintenant attendre de voir si les Libyens tiennent
leur promesse de libérer les deux personnes retenues chez eux et si
les relations avec la Libye se normalisent".



ap/ant

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Soutien d'Ueli Maurer

Essuyant une pluie de critiques, Hans-Rudolf Merz a reçu un certain soutien de son collègue de gouvernement Ueli Maurer.

Interrogé à la Radio suisse alémanique, l'UDC a relevé qu'il ne lui appartenait pas de juger le président de la Confédération. Il a ajouté qu'à son avis Hans-Rudolf Merz avait bien fait les choses.

Pascal Couchepin s'est montré plus réservé. «Je ne connais pas le contenu de cet accord», a commenté le chef du Département fédéral de l'intérieur (DFI).