C'est la première fois depuis 2011 que la récolte dépasse 5 millions de mètres cubes, indiquait mardi l'Office fédéral de la statistique (OFS). Ce dernier s'est basé sur ses propres données forestières, mais aussi sur celles du réseau d'exploitations forestières de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV).
Comme l'année précédente, la récolte a augmenté pour tous les assortiments de bois, sauf pour le bois d'énergie en bûches. La hausse a été particulièrement forte pour le bois de grumes, dont la récolte a atteint 2,7 millions de m3 (+14%).
Le bois d'énergie de copeaux (+10%) et le bois d'industrie (+16%) ont aussi contribué à cette deuxième plus importante récolte depuis dix ans. Pas de changement en revanche pour le bois d'énergie en bûches, qui poursuit sa tendance à la baisse (-0,74 million de m3).
"Ce qui est particulier quand il y a des événements climatiques extrêmes comme ceux de 2018, c'est qu'il y a d'importantes quantités de bois qui arrivent sur le marché sur un court laps de temps, explique Matthias Biolley, responsable de l'économie forestière à l'OFEV sur la RTS. L'offre est donc plus importante que la demande. Et comme le bois atteint par le bostryche doit être récolté en priorité, pour éviter que les dégâts se propagent, le forestier n'a aucune influence sur la qualité du bois récolté et la répartition des différents assortiments, ce qui signifie que la qualité du bois récolté n'exprime pas toujours celle demandée par l'industrie à ce moment là."
Bostryches sur le Plateau
La récolte de feuillus est en légère baisse de 1,6 million de m3, tandis que celle de résineux a augmenté de 0,6 million. L'épicéa a été particulièrement touché par les bostryches, ce qui a contraint les propriétaires à en couper nettement plus que prévu.
La récolte de bois a le plus augmenté sur le Plateau (+22%). La hausse a été moyenne dans les Préalpes (+8%) et dans les Alpes (+6%). Dans le Jura, la récolte n'a pratiquement pas varié sur un an. Ces chiffres montrent que le bostryche a été le plus actif sur le Plateau au cours de l'été sec de 2018.
Les plus importantes récoltes ont eu lieu dans les cantons de Berne (0,99 million de m3), de Zurich (0,51 million), d'Argovie (0,45 million) et de Vaud (0,40 million). Ces quatre régions totalisent près de la moitié du bois récolté en Suisse l'an dernier.
Déficit stable
D'un point de vue économique, les quelque 670 entreprises forestières de Suisse ont enregistré des recettes cumulées de 539 millions de francs, pour des dépenses de 578 millions. Malgré le contexte économique, il en résulte un déficit semblable à celui de 2017, d'environ 39 millions.
Le prix du bois brut des grumes de résineux a baissé d'environ 2% par rapport à l'année précédente. Malgré les grandes quantités de bois endommagé mis sur le marché, la baisse des prix est donc restée limitée pour l'assortiment principal. Près de la moitié des entreprises forestières ont ainsi pu afficher un résultat d'exploitation positif.
Propos recueillis par Pierre-Etienne Joye
ats/jfe
Le canton de Vaud prend des mesures
Sur sol vaudois, les périodes de sécheresse, de canicules et d’intempéries de ces 12 derniers mois ont affaibli les forêts vaudoises, en particulier le long du pied du Jura, dans le Chablais et le Nord vaudois.
Les dégâts dus aux bostryches sont estimés à près de 20'000 m3, ceux dus directement à la sécheresse avoisinent les 7000 m3,indique mercredi un communiqué.
Le canton a facilité et subventionné des coupes de bois sanitaires, lorsqu'il fallait par exemple limiter la propagation des bostryches. L'insecte se délecte des bois affaiblis, par la tempête ou la sécheresse.
D'une manière générale, le canton recommande aux propriétaires de forêts de n'exploiter que les arbres qui représentent un danger ou qui sont infestés de bostryches. Car le marché des bois chablis - les bois tombés sous l'effet du vent ou colonisés par des parasites - est saturé. "On a trop de ces bois-là en Europe", relève Jean-François Métraux, l'inspecteur cantonal des forêts.
Les arbres qui ont séché sur pied peuvent rester en forêt. Ils contribuent à l'amélioration de la diversité des habitats et au maintien des espèces dépendant du bois mort. Cette pratique est déjà appliquée dans les Préalpes vaudoises et donne de bons résultats, affirme le communiqué de presse.