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Le Conseil fédéral remet en question les réserves obligatoires de café

Le projet du Conseil fédéral de supprimer le stockage obligatoire du café est mal accueilli par les entreprises du secteur.
Le projet du Conseil fédéral de supprimer le stockage obligatoire du café est mal accueilli par les entreprises du secteur. / 12h45 / 1 min. / le 20 juillet 2019
Le projet du Conseil fédéral de supprimer le stockage obligatoire du café est mal accueilli par les entreprises du secteur. Selon elles, le breuvage est d'importance vitale et son approvisionnement n'est nullement garanti.

Les réserves obligatoires doivent assurer l'approvisionnement de la population en produits d'importance vitale en cas de pénurie grave. Outre des réserves stratégiques d'énergie et de médicaments, ces stocks comprennent notamment des fourrages pour le bétail, des céréales panifiables, du sucre, du riz et – jusqu'ici du moins – du café.

Quinze entreprises stockent actuellement 15'300 tonnes de café vert dans des dépôts. Selon le Conseil fédéral, cette quantité suffit pour couvrir les besoins de la population pour trois mois.

Une plantation de café arabica à Chinchina, en Colombie. Le pays produit 12% du café dans le monde. [epa - John Jairo Bonilla]
Une plantation de café arabica à Chinchina, en Colombie. Le pays produit 12% du café dans le monde. [epa - John Jairo Bonilla]

A cela s'ajoutent des stocks d'exploitation, près de 16'800 tonnes de café vert et de café instantané à la fin 2017, qui sont en mains des négociants, torréfacteurs et grossistes. Cette quantité couvre également les besoins de la population pour trois mois. Au total, La Suisse dispose donc de réserves de café pour six mois.

Pas d'apport calorique

Le gouvernement a mis en consultation jusqu'à vendredi une modification de l'ordonnance sur le stockage obligatoire. Suivant l'avis de l'Approvisionnement économique du pays (AEP), il estime que, vu son absence de calories, le café ne contribue pas à l'apport de substances énergétiques et qu'il ne peut plus être classé comme un bien vital.

En outre, le risque de sous-approvisionnement durable est faible: les plantations sont réparties sur trois continents et la récolte est possible tout au long de l'année. De mauvaises récoltes à l'échelle locale pourraient être compensées par d'autres zones de plantation.

Le Conseil fédéral s'appuie aussi sur un sondage réalisé auprès de quinze entreprises propriétaires de stocks obligatoires. Six d'entre elles veulent maintenir les réserves si elles sont dédommagées. Aucune n'entend maintenir des stocks sur une base volontaire et sans être indemnisées.

Sondage contesté

Une rôtisserie de café en Argovie. [Keystone - Christian Beutler]
Une rôtisserie de café en Argovie. [Keystone - Christian Beutler]

Etonnée par ces résultats, la Communauté d'intérêt Café Suisse a demandé un deuxième sondage. Celui-ci a été confié à réservesuisse, une organisation qui défend les intérêts des propriétaires de stocks obligatoires. Il a montré que toutes les entreprises concernées se sont prononcées pour leur maintien.

Dans sa réponse à la consultation, réservesuisse conteste également le faible risque de pénurie avancé par le gouvernement: l'approvisionnement en café n'est nullement garanti, puisqu'il dépend à 100% de l'étranger.

Les réserves globales dans les pays producteurs sont en diminution constante, explique l'organisation. De même, les dégâts à l'environnement, la sécheresse, les parasites, catastrophes naturelles ou sabotages par des pirates informatiques peuvent interrompre à tout moment la chaîne de livraison.

Rien que la baisse du niveau du Rhin l'an dernier a provoqué la rupture de voies de transport en Europe, illustre réservesuisse.

Plaque tournante

Enfin, la Suisse est le centre du commerce mondial du café: 70 à 75% du commerce de café vert passe par la Suisse. Le pays exporte pour plus de 2,2 milliards de francs de produits caféiers, soit 1% de son PIB.

Pour cette raison, une interruption de l'approvisionnement pourrait produire "des effets dévastateurs à court terme sur l'ensemble de la branche du café". Les réserves obligatoires peuvent équilibrer ces carences. Et les consommateurs ne paient que 30 centimes par an et par habitant pour le café stocké.

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Comment vivre sans? [Reuters - Njeri Mwangi]
Comment vivre sans? [Reuters - Njeri Mwangi]

A cela s'ajoute l'importance du "petit noir" comme motivateur et stimulant, poursuit réservesuisse. Dans des situations de stress – comme ce serait le cas lors d'une pénurie – ces effets positifs peuvent encore s'accentuer.

Avec 8,5 kilos par an et par habitant, les Suisses figurent parmi les plus gros buveurs de café au monde. Le breuvage occupe une place importante dans le quotidien d'une large part de la population et doit absolument être classé dans les biens d'importance vitale, argumente encore réservesuisse.

Pour ces raisons, l'organisation demande au Conseil fédéral de renoncer à l'élimination du café dans les stocks obligatoires. Une décision définitive est attendue en automne.

ats/sjaq

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