Alors que l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) doit
encore approuver les primes proposées par les caisses-maladie, la
TSR a demandé au site comparateur bonus.ch les hausses moyennes des
primes, canton par canton, en fonction de l'âge et des franchises.
Les bas de laine, on le sait depuis le printemps, vont souffrir. On
découvre maintenant comment.
Le canton suisse
le mieux loti - Neuchâtel - devrait subir quand même une hausse des
primes de 8,4%. La facture finale sera lourde pour tout le monde,
même si plusieurs cantons latins se situent sous la barre des 10%
d'augmentation (Neuchâtel, Genève, Vaud, Tessin). Les cantons
d'Argovie, Bâle-Campagne, Berne, Lucerne, Obwald, Soleure, St-Gall,
Schwyz, Uri et Valais subissent en comparaison une majoration de
plus de 16%.
Au final, selon bonus.ch, qui a comparé les tarifs des 39 plus
grandes caisses-maladie, la hausse moyenne des primes sera, pour
l'ensemble du pays, de 14,7%, toutes tranches d'âge, franchises,
modèles d'assurance et régions de primes confondus. Cette
estimation confirme les pronostics de l'OFSP qui avait annoncé une
hausse de 15%. Elle pourrait varier quelque peu selon les décisions
définitives de l'OFSP.
Jeunes adultes et hautes franchises touchées
Contrairement aux années précédentes, l'évolution des primes ne
suit pas la même tendance dans les différentes tranches d'âge. Les
primes des jeunes adultes (19-25 ans) augmenteront de 17%. C'est 4%
de plus que pour les adultes. Pour les enfants, l'augmentation sera
de 14%.
Suite à la modification par l'OFSP
des réductions maximales de primes en cas de franchises à option
(diminution du rabais de 12,5% par franchise), ces dernières
subissent une importante hausse de primes, et tout particulièrement
pour les franchises élevées. La prime pour une franchise de 2500
francs (adulte) subit une hausse de 15,2%. A l'opposé, la prime
pour une franchise de 300 francs augmente de 9,2%.
De manière générale, les assurés qui ont la franchise la plus
basse s'en sortent le mieux. Pour les enfants (0-18 ans), sans
franchise, la prime moyenne dans les cantons romands (sans Berne)
devrait augmenter de 6,9% ou de 4,8% pour une franchise de 100
francs. Pour les jeunes adultes (19-25 ans), avec une franchise de
300 francs, on peut compter sur une hausse de 12,7% - contre une
hausse de 13,5% pour une franchise de 2000 francs. Pour les adultes
enfin, la hausse en Romandie, avec une franchise de 300 francs, est
de 9,0%.
Disparités cantonales
Si on considère les extrêmes romands - un adulte valaisan avec
une franchise de 2500 francs et son vis-à-vis genevois avec une
franchise de 300 francs (prime moyenne de 438 francs -, la
différence varie quasiment du simple au triple (Valais: 163 francs,
Genève: 438 francs). Ces disparités cantonales sont connues, mais
elles tendent à se réduire. Les tableaux ci-contre montrent en
effet que le Valais subit une hausse de 15,6% alors que Genève ne
bénéficie "que" d'une hausse de 2,6%.
La même disparité existait entre les
cantons romands et alémaniques, mais là aussi, le fossé tend à se
combler. En effet, seuls quatre cantons connaîtront une hausse
moyenne des primes de moins de 10% : Vaud, (+9,9%), le Tessin
(+9,8%), Genève (+9,2%) et Neuchâtel (+8,4%). Partout ailleurs en
Suisse, la hausse dépasse les 13%, la palme revenant aux cantons de
Berne et Uri (+19,2%).
Thierry Herman avec Valérie Demierre
Âpres discussions en vue au Parlement
Les débats s'annoncent difficiles le 9 septembre au Conseil national sur les mesures urgentes visant à endiguer la hausse des coûts de l'assurance maladie. Si les jours de la taxe de consultation sont comptés, les passes d'armes risquent d'être vives sur la liberté de contracter.
Ce ne sont pas moins de six à huit heures de discussion qui attendent les conseillers nationaux sur un paquet qui n'a obtenu au final que 14 voix contre 10 et 2 abstentions au sein de la commission de la santé publique.
Comme attendu, la très contestée taxe de consultation de 30 francs que le patient aurait dû payer cash lors de chaque visite chez un médecin ou dans un service hospitalier ambulatoire a été rejetée par 19 voix contre 4.
Par 15 voix contre 7, la commission a adopté un concept alternatif. Les patients devraient prendre 20% de la facture à leur charge s'ils se rendent directement chez un spécialiste. La part à payer de sa propre poche resterait de 10% pour les rendez-vous chez le médecin de famille ainsi que pour certains traitements préventifs.
La commission a par contre créé la surprise en relançant la liberté de contracter par la petite porte. Par 13 voix contre 11, elle souhaite qu'une telle réforme soit lancée en 2012.
Par 14 voix contre 12, la commission a en outre rejeté la proposition du Conseil fédéral d'augmenter en 2010 de 200 millions la manne fédérale de quelque 2 milliards destinée à diminuer les primes de certains assurés.
L'idée du Conseil fédéral de bloquer pendant deux ans le contrat des assurés qui choisissent une franchise à option a en revanche passé la rampe par 17 voix contre 8.
La commission a en outre modifié la disposition demandant que les médecins et les pharmaciens prescrivent le médicament le meilleur marché.
Au final, le paquet tel qu'approuvé par la commission devrait générer des économies évaluées à 110 voire 130 millions de francs. Le Conseil des Etats empoignera le dossier une semaine après le National.