Si l'on met en parallèle les besoins de relève et le nombre de
personnes formées à l'heure actuelle, on constate que la cote
d'alerte est dépassée, souligne le rapport de la Conférence des
directeurs cantonaux de la santé (CDS) et de l'organisation
faîtière de la branche pour la formation professionnelle
(OdASanté).
La pénurie est particulièrement aiguë dans le domaine des soins
infirmiers puisque ce secteur ne forme que la moitié du personnel
requis: il manque 2400 diplômés par année. La situation est aussi
critique du côté des spécialisations, notamment en soins
d'anesthésie, en soins intensifs et dans le domaine opératoire. Les
professions médico-techniques, dans les laboratoires ou en
radiologie, ne sont pas épargnées non plus.
Hémorragie interne
Alors que la demande en soins augmente, un nombre élevé de
professionnels de la santé interrompent leur activité
professionnelle pour une longue durée ou quittent prématurément le
domaine de la santé.
«Nous constatons que les professionnels de la santé quittent plus
souvent leurs métiers par rapport à d'autres branches», a expliqué
Bernhard Wegmüller, président de l'OdAsanté. Leurs conditions de
travail doivent donc être améliorées, notamment en créant des
places de crèche, en permettant les temps partiels ou en augmentant
les salaires.
Le secteur de la santé en Suisse est actuellement tributaire de
l'engagement de collaborateurs étrangers. Dans les hôpitaux par
exemple, ils constituent un tiers des effectifs alors qu'ils
constituent 22% de la population active en Suisse. On peut noter
que la proportion de travailleurs étrangers en milieu hospitalier
est nettement plus élevée en Suisse latine qu'en Suisse alémanique.
Renforcer le recrutement de collaborateurs qualifiés à l'étranger
est une solution régulièrement remise sur le tapis.
Pénurie à l'étranger
Or, le manque de
personnel sanitaire n'est pas l'apanage de la Suisse; les pays
voisins sont aussi fortement touchés. «La pénurie touchant
désormais aussi les autres pays, la Suisse ne pourra bientôt plus
engager des personnes formées à l'étranger», a prévenu Pierre-Yves
Maillard, le président de la CDS.
Par ailleurs, cette option soulève un problème d'éthique: les pays
dans lesquels la Suisse recrute tenteront de combler leur propre
pénurie en recrutant du personnel dans des régions où le niveau
salarial est encore plus bas.
De plus, engager des étrangers pose des difficultés culturelles et
linguistiques. Il ne s'agit donc pas d'une solution durable. Selon
une étude publiée en février dernier par l'Observatoire suisse de
la santé (Obsan), il faudra d'ici 2020 au moins 25'000 employés en
plus dans les hôpitaux, les homes et pour l'aide à domicile.
agences/os