Depuis son lancement en 2015, Batmaid a connu un développement fulgurant. Aujourd'hui, la société compte 50 employés et fait travailler près de 1700 nettoyeuses, sorties du travail au noir, auprès de 10'000 clients.
Une success story qui a une face cachée, selon les différents témoignages que la RTS a recueillis auprès d'anciennes et d'actuelles employées. Pas de perte de gain-maladie ni de deuxième pilier, journées à rallonge, rythme de travail parfois effréné, travail sur appel, trajets illogiques ou frais de déplacement et de nourriture non payés: tel est le quotidien rapporté par ces nettoyeuses.
"Au début, j'avais besoin de travailler, alors j'ai pris toutes les heures qu'on me donnait, même si c'était loin de chez moi. Au bout d'un moment, j'ai commencé à dire non. En réaction, Batmaid m'a retiré la moitié de mes heures et je ne gagnais plus assez d'argent", confie une employée au micro du 19h30.
"Les pires années de ma vie"
Le cofondateur de l'entreprise, Andreas Schollin-Borg réfute toute pression sur les Batmaids: "Premièrement, elles choisissent dans quel zip code (code postal, ndlr) elles travaillent, ensuite elles choisissent leurs horaires et, à partir de là, elles vont recevoir des proposition de travail d'employeur qui les ont réservées. Elles peuvent accepter ou refuser ces ménages".
Une vision que ne partage pas cette ex-employée: "J'ai travaillé pendant deux ans là-bas, mais c'était les pires de ma vie. J'ai perdu huit kilos parce que je n'avais pas le temps de manger. Je considère que j'étais vraiment arnaquée. J'ai travaillé sans assurance perte de gain-maladie, sans LPP. Je trouve que ce n'est pas normal, quand on fait presque 200 heures par mois, qu'on ne cotise pas pour la LPP."
Non-respect de la CCT
Le syndicat Unia s'apprête à dénoncer Batmaid auprès de la Confédération et du canton de Vaud, principalement parce que la société ne respecte pas la convention collective de la branche.
Le secrétaire syndical Carlo Carrieri se dit confiant et ne voit par comment les autorités compétentes pourraient ne pas dire à Batmaid qu'elle est une entreprise et doit ainsi se soumettre à la convention collective de travail.
"Notre vocation n'est pas de devenir l'employeur de toutes ces personnes, mais de sortir ces personnes du travail au noir, voilà notre mission première", rétorque Andreas Schollin-Borg.
Carole Pantet/boi