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"La Suisse est un des rares pays en qui les acteurs du Golfe ont confiance"

La secrétaire d'Etat du Département fédéral des affaires étrangères Pascale Baeriswyl. [Keystone - Martial Trezzini]
Le rôle de la Suisse dans la libération du pétrolier iranien par l’Arabie Saoudite: interview de Pascale Baeriswyl / Forum / 6 min. / le 23 juillet 2019
Dans une région sous haute tension, l'Iran et l'Arabie saoudite bénéficient de trois mandats de protection de la Suisse. La secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Pascale Baeriswyl lève dans Forum un bout de voile sur sa médiation pour la sécurité et la paix.

Dans la région du Golfe, où les liens diplomatiques entre Téhéran et son voisin Ryad sont rompus depuis 2016, les bons offices de Berne s'avèrent nombreux. Dernier exemple en date: c'est en partie grâce à l'action de la Suisse que l'Arabie saoudite a libéré ce week-end du port de Jeddah le pétrolier iranien "Happiness One", retenu depuis trois mois.

La secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Pascale Baeriswyl en revient tout juste, d'ailleurs. "On est souvent sollicités car on est l'un des rares pays en qui tous les acteurs et actrices ont encore confiance", explique-t-elle dans Forum. "Deux mandats de protection sont entrés en vigueur au printemps 2018. Et depuis juin dernier, on représente les intérêts iraniens au Canada." En quoi consistent-ils ? "La discrétion absolue" est de mise.

Le dossier Pilatus, "une affaire suisse"

Ce que l'on sait en revanche, c'est que l'interdiction des activités de l'avionneur Pilatus en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis émise en juin dernier n'a suscité que peu de réactions de la part de Ryad et Abu Dhabi.

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"J'ai informé l'Arabie saoudite de la décision de l'autorité juridique lorsqu'elle a été prise. C'est une des raisons pour lesquelles il n'y a pas eu de réaction", indique Pascale Baeriswyl. "L'autre raison, c'est qu'il s'agit d'un contrat très limité de soutien logistique, et que les Saoudiens considèrent que c'est une affaire suisse qui n'est pas leur problème."

Investigation demandée sur le meurtre de Jamal Khashoggi

En juin encore, la rapporteure spéciale de l'ONU Agnès Callamard demandait à Genève l'ouverture d'une enquête criminelle internationale sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Lors de la même réunion onusienne, la fiancée de l'éditorialiste disparu, Hatice Cengiz, a appelé la Suisse à prendre à son tour des mesures pour davantage d'action.

Il faut trouver le juste équilibre entre discuter de sujets où on a des intérêts communs et des sujets où les divergences peuvent être importantes.

Pascale Baeriswyl, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères

"J'ai réitéré aux Saoudiens notre attente d'une investigation indépendante", répond Pascale Baeriswyl. "Ils sont convaincus d'être en train de le faire. Mais la discussion plus intéressante est celle des droits humains, et là ils se sont montrés très ouverts à une conversation approfondie, même si les visions peuvent être très divergentes dans certains domaines."

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Besoin d'un long travail sur la confiance

Au quotidien, "les attentes [des homologues] sont parfois trop élevées", admet la Secrétaire d'Etat au DFAE. "Mais c'est notre rôle d'avoir des relations avec tous les Etats. Je dirais que certaines ont plus de défis, mais on est un pays qui soigne le dialogue avec tout le monde. Je pense qu'il faut trouver le juste équilibre entre discuter de sujets où on a des intérêts communs et de ceux où les divergences peuvent être importantes."

"La méfiance est très profonde dans la région, on peut offrir des plateformes de dialogue, des services, faire passer des messages. Mais au-delà de ça, je pense qu'il y a besoin d'un long processus où on rétablit la confiance et là, on peut donner notre contribution. Mais on dit aussi aux homologues que c'est à eux de se montrer ouverts."

Propos recueillis par Renaud Malik

Adaptation web: Alexia Nichele

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