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La nouvelle loi sur les casinos n’empêche pas les opérateurs pirates

Des machines à sous au plus grand casino de Suisse à Zurich. [Gaetan Bally - Keystone]
La nouvelle loi sur les casinos n’empêche pas les opérateurs pirates de sévir en Suisse / La Matinale / 3 min. / le 24 juillet 2019
Les Suisses ont accepté la nouvelle loi sur les jeux d'argent il y a un peu plus d'un an. Elle promettait la disparition d'au moins une partie des casinos pirates étrangers, mais ceux-ci sont toujours accessibles sur internet en Suisse.

De nouveaux instruments juridiques font désormais de la Suisse une chasse gardée. Mais si de grandes maisons de jeu étrangères se sont spontanément retirées du marché helvétique, d’autres ne s’embarrassent pas de ce genre de barrières légales.

La situation ne surprend pourtant pas Emanuele Stauffer, président du Casino de Lugano. "Le jeu online est un business qui compte énormément d’acteurs. Il faut aussi se rendre compte que le marché suisse, que l’on estime à 200-250 millions de francs, est très intéressant. Les joueurs sont de bons joueurs, de qualité donc. Et on peut comprendre le fait que des acteurs ou des sociétés pas très sérieuses du point de vue légal aient envie de rester sur ce marché et de continuer à exploiter ces joueurs", réagit-il.

La question de la liste noire, la question de la réputation, ça ne fait pas peur aux opérateurs illégaux.

Jean-Marie Jordan, directeur de la Commission fédérale des maisons de jeu

Doit-on en déduire que la loi est inefficace? Au final, les casinos pirates, qui ne sont pas détenteurs d'une concession et ne sont donc rattachés officiellement à aucune juridiction étrangère, passent toujours entre les mailles du filet.

"Il s’agit évidement de plusieurs opérateurs illégaux. Leur nombre n'est pas défini et reste fluctuant, et c'est quelque chose qui évolue dans le temps. Ceux-là, évidement, sont les plus difficiles à sortir d'un marché. La question de la liste noire, la question de la réputation, ça ne leur fait pas peur", assure Jean-Marie Jordan, directeur de la Commission fédérale des maisons de jeu.

La menace (limitée) de la "liste noire"

Mais s'ils se font pincer, les fauteurs risquent en effet une mesure radicale, qui reste malgré tout limitée: le système du "blocking", soit la publication de la fameuse liste noire "dans le courant du troisième trimestre 2019", explique Jean-Marie Jordan, directeur de la Commission fédérale des maisons de jeu.

"On devrait permettre aux fournisseurs d'accès de bloquer ces opérateurs illégaux. Ils ne pourront plus, dans un exercice normal, être en liaison directe par une voie internet normale avec les joueurs. (...) Mais il est vrai que les joueurs peuvent eux contourner ce blocage, et si certains veulent encore jouer avec ces opérateurs illégaux, ils auront encore la possibilité de le faire", reconnaît-il.

Nicole Della Pietra/jvia

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Aucune extension de licence en Suisse

Seule certitude: le jeu en ligne est en pleine évolution. Et l’effervescence est grande du côté des 21 casinos de Suisse. Emanuele Stauffer, le directeur de celui de Lugano, assure que la concurrence des sites illégaux va perdurer, même s'il y a "énormément d'incertitude". "On ne sait pas encore très bien jusqu'à quel point les clients vont encore se tourner vers ces sites illégaux, ou s'ils seront condamnés à jouer sur les sites suisses".

Mais pour l'instant, aucun casino romand n'a décroché une extension de licence. Quatre casinos alémaniques peuvent désormais proposer des jeux d’argent en ligne, et seul Baden - qui a consenti d’énormes investissements - est désormais disponible sur internet.

On peut dire que la Suisse a 15 ans de retard, et on peut parier que les casinos helvétiques devront passer par des collaborations avec des grandes maisons de jeu étrangères pour acquérir le savoir-faire indispensable.