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Genève: les deux chauffards évitent la peine lourde

La thèse du meurtre pour l'argent est également soutenu par le procureur général Daniel Zappelli.
Daniel Zappelli voulait que le jury retienne le délit manqué de meurtre.
Les deux chauffards jugés devant la Cour d'assises de
Genève évitent une condamnation exemplaire. Le jury n'a pas retenu
jeudi le meurtre par dol éventuel. L'un d'eux écope de 18 mois de
prison avec sursis et l'autre de deux ans ferme mais avec une
suspension de peine.

Ces jeunes s'étaient défiés dans une course-poursuite en mai
2004 sur le quai de Cologny. Un des deux chauffards a perdu la
maîtrise de son véhicule lancé à 140 km/h faisant 15 blessés parmi
les passants. «Leur motivation était égoïste et futile», a souligné
le procureur général Daniel Zappelli, qui demandait de retenir le
délit manqué de meurtre. Mais le jury ne l'a pas suivi, s'appuyant
sur la jurisprudence qui impose une grande retenue pour le meurtre
par dol éventuel lors des accidents de la route.



Les jurés ont ainsi estimé que les deux accusés ont sous-évalué le
risque et n'ont «pas tenu pour possible une issue mortelle pour
eux-mêmes, pour l'autre concurrent et pour les tiers».

Lésions corporelles par négligence

Les jurés ont par contre reconnu le conducteur accidenté
coupable de lésions corporelles par négligence. Ce jeune homme, âgé
de 24 ans aujourd'hui, écope de 18 mois de prison avec trois ans de
sursis. Son avocat, Me Olivier Cramer, a plaidé pour une «peine
juste» compte tenu de sa collaboration, de ses excuses et des cours
de prévention routière qu'il donne.



Depuis ce fameux soir du 21 mai 2004, ce «Fangio» repenti partage
sa tragique expérience dans les écoles. Il bénéficie d'un travail
stable et suit une psychothérapie avec un pronostic favorable,
selon Me Cramer.



En plus des lésions corporelles par négligence, il est aussi
reconnu coupable de grave infraction à la loi sur la circulation
routière.

Loi sur la circulation enfreinte

Le jury a uniquement retenu ce dernier chef d'accusation pour le
deuxième prévenu impliqué dans le rodéo. Le jury l'a condamné à
deux ans de prison ferme avec une suspension de peine. Ce jeune
homme également âgé de 24 ans a déjà été condamné à quatre ans
ferme avec suspension de peine pour contrainte sexuelle.



Pour rester en liberté, il devra continuer à se soumettre à un
encadrement psychothérapeutique serré et contraignant pour contenir
son impulsivité. Son avocat a relevé ses excuses et sa situation
professionnelle stable depuis les faits.



Les victimes de l'accident de mai 2004 ont obtenu des dommages et
intérêts. D'autres requêtes seront traitées devant la justice
civile. Durant le procès, les victimes ont témoigné de la violence
du choc et des séquelles physiques et psychiques qu'elles endurent.
Ces personnes déambulaient tranquillement sur les quais quand le
bolide les a fauchées.



ats/bri

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Echecs du procureur

Le procureur général n'a donc pas obtenu la condamnation exemplaire qu'il voulait. Il prend acte de la décision du jury.

Mais pour que «ce verdict ne soit pas compris comme un encouragement», les politiques devront réfléchir au manque de contrôle pour les jeunes conducteurs, estime Daniel Zappelli.

Il avait déjà récemment échoué à faire condamner un jeune chauffard pour meurtre par dol éventuel. La Cour d'assises avait simplement reconnu coupable l'accusé, l'auteur d'un rodéo qui s'était soldé par la mort de trois personnes, d'infraction grave au code de la route.