Les tartines au miel seront rares cette année! La météo défavorable des sept premiers mois de 2019 a des conséquences fâcheuses sur la production de miel. Les abeilles ne manquent pas, mais elles sont au chômage technique et ne peuvent presque rien produire.
Dans le Jura, la production des ruches d'Etienne Bourquard, seul apiculteur professionnel du canton, est au grand ralenti. Une saison 2019 catastrophique succède à l'excellente cuvée 2018: "L’année passée, j'avais récolté six tonnes avec mes 250 ruches. Cette année, c’est 300 kilos", décompte l'apiculteur, interrogé dans le 19h30 de la RTS.
"Plus d'espoir" pour cette saison
Le miel de fleurs s'est donc fait très rare cette année. En cette fin de mois de juillet, c'est la récolte du miel de forêt qui devrait commencer, mais Etienne Bourquard n'est guère optimiste. "Il manque les guêpes, les frelons. Il y a beaucoup de choses qu'on ne voit pas. Et là, on a eu trop chaud, les moissons sont finies... C'est non, il n'y plus d’espoir".
Sa production a donc été divisée par vingt en une année. Pourtant, avec les températures douces de février, les abeilles étaient d’attaque, mais les mois suivants ont tout gâché: "Tout d’un coup, il a fait froid au moment de la floraison, avec des gelées, et donc pas de nectar dans les fleurs. Ensuite. il y a eu une toute petite période où certains apiculteurs qui avaient des ruches fortes au printemps ont fait un tout petit peu de miel, mais c'était vraiment peu. Et maintenant, c'est la sécheresse...", détaille Véronique Froidevaux Mertenat, inspectrice fédérale des ruchers.
Bientôt du miel de palmier?
Au-delà de la maigre récolte de cette année, les craintes des apiculteurs sont bien plus profondes et portent sur le changement climatique, qui pourrait avoir des conséquences durables. "Avec le réchauffement, d'autres essences vont arriver, et donc le miel va changer. Ce ne sera plus du miel de sapin, par exemple, mais, allez savoir, peut-être du miel de palmier!", conclut Véronique Froidevaux Mertenat, à demi sérieuse.
Seule certitude, les chiffres et les constats de l'apiculteur jurassien se retrouvent partout en Suisse. "Ce printemps 2019, nous avons eu un mois de mars chaud, suivi de beaucoup de pluie et de températures basses en avril et mai. Par conséquent, à la période où les plantes mellifères étaient en fleur, les abeilles ne pouvaient malheureusement pas sortir pour les butiner", confirme la présidente d'Apisuisse Sonia Burri-Schmassmann.
Pour pouvoir produire un kilo de miel, les abeilles doivent, ensemble, parcourir un total de 400'000 kilomètres, soit l'équivalent de la distance Terre-Lune, illustre la spécialiste.
Sujet TV: Olivier Kurth/David Berger
Adaptation web: Vincent Cherpillod