Il y a quelques années, la généralisation des bancomats a peu à peu rendu désuets les retraits d'argent au guichet des succursales bancaires. Or, dans un futur pas si lointain, ce geste du quotidien pourrait à son tour faire partie de l'histoire.
Un tiers de moins en 10 ans
Ainsi, en dix ans, un tiers des distributeurs d'argent du réseau de Credit Suisse, par exemple, ont disparu. Une tendance qui s'explique, selon les banques, par le fait que les Suisses retirent moins d'argent qu'avant. UBS, par exemple, décompte 30% de retraits en moins ces cinq dernières années.
Avec les bancomats qui disparaissent, c'est aussi les agences bancaires qui changent. Pour être rentables, elles sont amenées à fermer les guichets les moins fréquentés. Le même phénomène se rencontre, d'ailleurs, dans d'autres secteurs. Ainsi, après avoir considérablement réduit le nombre de gares équipées de guichets et les avoir remplacés par des automates à billets, les CFF songent désormais à retirer progressivement les distributeurs les moins utilisés. Les usagers sont invités à les acheter en ligne en utilisant leur smartphone.
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Le liquide n'est pas dans l'intérêt des banques
Car les bancomats coûtent cher, expliquent les banques. Jusqu'à 180'000 francs pour les installer, puis 50'000 francs par année pour les entretenir. Cependant, ces frais ne sont pas le seul facteur qui rend les bancomats peu intéressants pour elles. L'utilisation d'argent liquide par leurs clients fait en effet moins leurs affaires, estime Sophie Michaud Gigon, secrétaire générale de la Fédération romande des consommateurs (FRC): "Diminuer l'accès au cash permet d'augmenter toutes les transactions qu'on fait via les cartes de crédit ou de débit. Or, elles sont accompagnées de commissions qui rapportent de l'argent aux banques".
Dès lors, mieux vaut orienter les clients vers l'e-banking, les cartes de crédit et autres applications pour smartphone. Pour la FRC, toutefois, cette tendance limite la liberté de choix. "L'intérêt du cash, c'est que vous pouvez être anonyme. On ne peut pas tracer vos transactions, ce qui est très important pour la sphère privée", insiste Sophie Michaud Gigon.
Les Suisses ne semblent d'ailleurs pas encore complètement prêts pour le tout numérique: selon la BNS, 70% des transactions se font encore en liquide aujourd'hui.
Sujet TV: Delphine Gianora
Adaptation web: Vincent Cherpillod