C'est le revers des étés bien ensoleillés. Beaucoup de raisin, beaucoup de vin et à la sortie des caves, un risque d'embouteillage. Il s'agit d'une situation piquante en cette année de Fête des Vignerons, mais qui se produit régulièrement.
La fluctuation d'une année à l'autre pose problème. "En 2017, le vignoble a été ravagé par le gel en Suisse donc nous avons fait une très petite récolte. Ce qui veut dire qu'en 2018 les quotas de production ont été poussés au maximum de façon à compenser cette perte. L'année 2018 a été une belle récolte et on sait que deux années consécutives avec une récolte importante constituent un risque pour le marché", explique Claude Crittin, président de la Société des encaveurs de vins suisses.
Quotas revus à la baisse
Le danger pour le marché est réel, car il est difficile pour les producteurs de récupérer les clients perdus avec la baisse de 2017, notamment dans la grande distribution. Des mesures sont pourtant prises pour limiter la casse.
En début d'été, le canton de Vaud et le Valais ont en effet décidé de baisser leurs quotas, donc de limiter la production pour éviter qu'il n'y ait trop de vin à vendre et que cela fasse trop baisser les prix.
Regagner le coeur des Suisses
Une partie des producteurs craint cependant une baisse durable de la demande, ainsi qu’une surproduction structurelle. Dans le journal Agri de ce vendredi, certains évoquent la création d'une réserve climatique, ou encore davantage de taxes sur les importations. Mais selon Claude Crittin, ce n'est pas l'avis de la majorité.
"Nous avons l'habitude dans le vin de travailler sur un marché ouvert, en laissant le choix aux consommateurs. Nous préférons gagner leurs coeurs par nos produits plutôt que par des mesures légales. Le plus grand défi pour nous, c'est de regagner de la place dans le coeur des Suisses, de retrouver nos ventes d'avant le gel massif", assure-t-il.
"Au-delà des quotas de l'année prochaine, ce qui est plus important aujourd'hui c'est de revendre les quantités que nous avons fait avec la récolte 2018", indique encore Claude Crittin. Il faut donc avant tout écouler le stock, afin de ne pas manquer de liquidités financières et de faire de la place dans les caves pour les prochaines récoltes.
Etienne Kocher/gma