En mauvais état et souvent rouillés, les vélos ventouses sont néanmoins cadenassés, si bien que les collectivités sont forcées de recourir à des disqueuses pour les déloger.
En Suisse romande, Genève est la ville la plus touchée. L’année dernière, 700 cycles ont été emmenés à la fourrière, soit cinq fois plus qu’à Lausanne.
D'anciens vélos volés
Ville quasiment plate, la cité de Calvin a les faveurs des cyclistes. De plus, son université et ses institutions attirent une population de passage. "Comme ils sont là pour un temps limité, ils achètent de la seconde main, ils ne vont pas investir", explique Marc Lemonnier, responsable à la fourrière des vélos de Genève, samedi dans le 19h30. "Puis, autant acheter de la seconde main, parce qu'un beau vélo en ville de Genève... Il y a neuf vélos par jour qui sont volés."
Selon Marc Lemonnier, le nombre élevé de vols de vélos dans le canton de Genève serait étroitement lié au taux d’abandons, "c’est-à-dire que les les vélos sont volés et abandonnés quinze jours ou un mois après. Et tant que le vélo n’est pas en mauvais état, il ne sera pas enlevé".
Une mauvaise image de la mobilité douce
A Bienne, deuxième ville la plus touchée par ce phénomène en Suisse romande avec 300 vélos ventouses répertoriés en 2018, on aimerait que la mobilité douce véhicule une image plus attractive. Selon le municipal biennois Beat Feurer, "cela donne une image de désordre que l'on ne souhaite pas".
Pour Beat Feurer, cette situation est problématique, car ces vélos abandonnés bloquent la circulation par endroits et privent de places les autres utilisateurs.
Pas de procédure harmonisée en Suisse
Chaque ville s'organise comme elle peut face à ce phénomène, selon son règlement communal ou son règlement de police. Au niveau fédéral, les dispositions légales ne prévoient pas de procédure harmonisée. Par exemple, la durée de stockage en fourrière varie d'un à douze mois au maximum selon les villes.
A Bienne, le sort d'un vélo ventouse est réglé en deux mois. Selon Beat Feurer, "on constate qu'un propriétaire qui recherche son vélo se manifeste dans le premier mois. Après, il n'y a presque plus de demande".
A Yverdon, Olivier Coulet, responsable du service d’exploitation en charge de ce travail, constate de son côté qu'en 2018, "sur 130 vélos évacués, seuls trois propriétaires se sont manifestés".
Chômeurs et étudiants en charge de la remise en état
Les collectivités sont souvent surchargées et elles ont tendance à déléguer la remise en état des vélos à des associations en charge de la réinsertion de chômeurs. Sur le site de l'EPFL, ce sont des étudiants qui se chargent de la réhabilitation de ces épaves. Celles-ci seront ensuite proposées à la rentrée aux nouveaux étudiants pour le prix de 150 francs.
Le site de l’EPFL, particulièrement touché par ces épaves, a décidé de racheter à ses étudiants tous les vélos d’occasion pour 65 francs. Mais malgré cet effort, le nombre d'abandons reste stable. Il faut dire qu'en 15 ans, les responsables de la mobilité douce ont réussi à diminuer nettement l'utilisation de véhicules à moteurs. Depuis peu, il y a davantage de cycles que de voitures. Résultat, les vélos ventouses sont devenus un mal nécessaire à combattre.
Miroslav Mares/boi
La mobilité douce à l'EPFL
Etudiants
Part modale vélo: 27% en 2017, contre 18,6% en 2003
Part modale voiture: 3,2% en 2017, contre 16,3% en 2003
Collaborateurs
Part modale vélo: 21,4% en 2017, contre 12,1% en 2003
Part modale voiture: 32,4% en 2017, contre 50,5% en 2003