De lundi à vendredi, plus de 450 jeunes émanant en grande partie du mouvement Fridays For Future se réunissent à l'Université de Lausanne à l'enseigne de Smile For Future. Issus de 38 pays, ils veulent notamment cadrer la suite de leurs actions contre le dérèglement climatique.
Concrétiser leurs revendications, échanger leurs expériences: les rencontres visent à établir une stratégie commune. Elles ne sont pas ouvertes au public, mais sont retransmises en direct sur internet "dans un souci de transparence et pour permettre à tout le monde de voir ce qui s'y passe".
Greta Thunberg blâme un système erroné
Plusieurs invités de marque ont pris la parole devant la presse lundi, dont la jeune Suédoise Greta Thunberg. Si la militante s'est au départ simplement félicitée d'être une des participantes à cet "incroyable sommet", elle a fini par répondre aux questions.
>> Voir l'interview accordée par Greta Thunberg à la RTS : Greta Thunberg répond à ses détracteurs: "Personne ne me manipule"
Ne faudrait-il pas mettre en prison des politiciens qui ne font rien ou pire pour le climat? A cette interrogation, Greta Thunberg a répondu sans hésiter qu'il ne fallait pas "blâmer des individus. C'est un système qui est erroné". Elle a rejeté toute "haine" contre les politiciens, "même s'ils ont davantage de responsabilités que d'autres individus".
Alors qu'elle était entourée de caméras et d'appareils de photo, Greta Thunberg a refusé l'image de leader. Chacun a le même niveau d'importance, je ne parle que pour moi-même", a insisté l'activiste. Elle n'a pas caché qu'elle aimerait voir des adultes prendre le relais afin "de soulager notre fardeau (...) Nous ne devrions pas avoir à faire cela. (...) Mais si c'est pour le climat, notre futur est en jeu", a-t-elle ajouté.
L'émotion de Jacques Dubochet
Le Vaudois Jacques Dubochet, prix Nobel de Chimie, n'a lui pas caché sa forte émotion de se retrouver au côté de Greta Thunberg. Entre des imprécations aux journalistes, il a souligné l'importance de ce moment "extraordinaire", dans une lutte contre "une stupide économie désireuse de faire de l'argent."
"Il faut sortir du carbone, aussi vite que possible", a lancé le militant. Jacques Dubochet a rappelé à ceux qui mettaient en doute l'action politique que les élections fédérales étaient proches et qu'il ne fallait pas manquer l'occasion d'être actifs à ce niveau-là aussi.
Interrogé dans l'émission Forum, le prix Nobel de Chimie n'a pas caché son admiration pour la jeune militante Greta Thunberg. "Elle a 16 ans et a assumé ce qu'elle estime être sa responsabilité, je trouve cela admirable".
"Avant son arrivée, personne ne bougeait. Elle a été l'exemple mais je ne peux pas laisser cette gamine porter un poids comme ça", a encore déclaré Jacques Dubochet.
Une initiative européenne
Au début de la conférence de presse, les organisateurs de Smile For Future ont présenté une première action concrète. Ils ont lancé une initiative citoyenne européenne appelée Actions pour l'urgence climatique qui a une année pour recueillir au moins un million de signatures.
Ce texte vise quatre buts: premièrement, l'Union européenne doit diminuer ses gaz à effet de serre de 80% d'ici 2030 et atteindre la neutralité carbone en 2035. Deuxièmement, les auteurs demandent la mise en place d'une taxe carbone aux frontières qui frapperaient les importations. Troisièmement, l'UE ne doit signer des traités commerciaux qu'avec les pays qui s'engagent sur la voie de la limite à 1,5 degré. Et enfin, il faut que l'UE produise du matériel éducatif gratuit qui non seulement explique l'urgence climatique, mais préconise des solutions.
Les jeunes vont aussi affiner aussi leur plan d'action en vue des deux prochaines grèves mondiales les vendredi 20 et 27 septembre, pendant la semaine de la Global Climate Strike. Elles auront lieu avant et après le sommet sur le climat du 23 septembre à New-York, sommet organisé à l'appel du secrétaire général des Nations unies António Guterres.
sjaq/boi avec ats
Anastasiia, une étudiante russe, fait plus de 20h de train pour manifester en Suisse
Pour certains jeunes participants, venir à ce sommet pour le climat représente également la chance de découvrir d'autres cultures et d'autres manières de manifester. Anastasiia, venue en train de Saint-Petersbourg, est hébergée par cinq colocataires au centre de Lausanne.
Alors que des centaines d'étudiants protestent régulièrement dans les rues de la capitale vaudoise, pour elle, manifester dans son pays s'avère être un défi de taille.
Les autorisations difficiles à obtenir, les limitations et les conséquences en cas de manifestation illégale, tout cela elle l'a appris à l'école. Du haut de ses 17 ans, elle déplore le manque de couverture médiatique et la réticence des jeunes à s'engager en Russie.
Cette semaine de rencontres, ponctuée par une manifestation ouverte à tous le vendredi 9 août, sera pour elle l'occasion de s'emplir d'une énergie solidaire et sans frontières.
Cléa Masserey