Logée dans un studio près de Lausanne par l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), Haben, une Erythréenne de 20 ans fait partie de ces nombreux requérants pour qui la redevance est un calvaire. Une problématique soulevée par le quotidien 24heures.
En attente d’une décision sur sa demande d’asile, la jeune femme ne reçoit que 12,50 francs par jour pour la nourriture, l’hygiène, les vêtements et les loisirs. Alors qu’elle a de la peine à trouver une place d’apprentissage, la facture annuelle de 365 francs lui est tombée sur la tête.
"Quand j'ai reçu la facture, j'ai pensé que c'était une erreur, comme je n'ai pas d'ordinateur ni de télévision. A l'EVAM, ils m'ont dit que je devais payer car j'ai un téléphone. Mais je ne peux pas le faire, je reçois 370 francs par mois. Je mange quoi? Je fais quoi? Je n'ai pas de télévision, je ne comprends pas", explique la requérante, en Suisse depuis trois ans.
Incompréhensions
La nouvelle redevance universelle suscite beaucoup d'incompréhensions. Celle-ci prévoit quelques exceptions, notamment pour les bénéficiaires des prestations complémentaires, mais pas pour les requérants d'asile. Le seul moyen d'être exempté serait de vivre sans smartphone. Or pour un demandeur d’asile, cela revient à se condamner à un isolement presque total.
Face à ces factures, plusieurs milliers de requérants se retrouvent pour l’heure sans solution. Certains font l'autruche et s'exposent à des poursuites, d'autres demandent un paiement échelonné. D'autres, enfin, paient et s'endettent, ou ont la chance d'être aidés par une association.
Pas d'exonération prévue
Plusieurs cantons romands disent comprendre les difficultés de ces demandeurs d’asile, mais n'augmenteront pas leurs aides tant que la Confédération ne leur donne pas plus d'argent.
Les cantons de Vaud et Neuchâtel ont néanmoins demandé des exonérations à l'entreprise Serafe et à l'Office fédéral de la communication (OFCOM), sans succès. Erich Dürst, le directeur de l'EVAM, regrette cette décision.
"L'OFCOM nous a répondu que, dans la législation actuelle, une exonération pour ces groupes de population n'était pas prévue. Le Conseil d'Etat s'est ensuite adressé à la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales pour qu'elle prenne en charge la problématique au niveau fédéral. En parallèle, nous poursuivons nos efforts pour favoriser l'intégration des requérants d'asile. Je pense que c'est le meilleur moyen pour répondre à cette question", indique-t-il.
La conférence intercantonale n'a pas encore pris publiquement position. Mais, dans les administrations cantonales, on compte bien faire changer la position du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), qui renvoie toujours aux cantons la responsabilité de ce problème.
Etienne Kocher/gma