Le projet porté par Doris Leuthard a été accepté par 103 voix
contre 87. L'UDC et le PLR n'ont ainsi pas réussi à couler le
programme qui prévoit désormais, selon Doris Leuthard, environ 330
millions d'aide aux chômeurs de longue durée et aux jeunes sans
emploi.
Fervents défenseurs du paquet, le PDC et la gauche ont toutefois
eu chaud car une majorité qualifiée de 101 voix était requise pour
son adoption. C'est cette procédure qui avait d'ailleurs poussé le
projet jusqu'en conférence de conciliation.
Très divisée, la Chambre du peuple avait accepté mercredi de
justesse toutes les aides destinées aux personnes en difficulté sur
le marché de l'emploi. Mais en raison du frein aux dépenses, un
mécanisme financier qui requiert une majorité absolue de 101 voix,
elle avait ensuite refusé de libérer les fonds nécessaires.
Aide aux chômeurs contestée
"C'est la crise la plus grave depuis 30 ans, le chômage n'a
jamais été aussi élevé et vous voudriez ne rien faire?", s'est
insurgée jeudi la ministre de l'Economie. Il y a lieu de faire de
la politique constructive et non de la politique partisane, il faut
montrer une perspective aux jeunes, a encore lancé la conseillère
fédérale.
Sur les trois points encore en suspens, les mesures destinées aux
quelque 8000 chômeurs de longue durée étaient les plus
controversées. La conférence de conciliation a retouché l'article
sur l'aide financière accordée aux organisations à but non lucratif
pour engager durant six mois des chômeurs en fin de droit.
Prévue initialement à 238 millions puis rabotée à 192 millions par
les Etats, l'enveloppe se réduira à environ 120 millions. L'aide ne
sera en effet accordée que si le chômage national atteint la barre
des 5% et seulement aux cantons et aux communes ainsi qu'aux
entreprises ou organisations dont ils détiennent la majorité du
capital ou qui leur sont liées via un contrat de prestation.
Réduction des primes maladie
Le Parlement n'est en revanche pas revenu sur la cinquantaine de
millions prévus pour soutenir la formation continue des jeunes et
leur entrée sur le marché du travail. Des mesures saluées par les
syndicats et les patrons.
Parmi les autres mesures, l'aide financière au perfectionnement
des personnes au chômage partiel, soit 30 millions, a également été
maintenue. La conférence de conciliation est ainsi restée sur la
ligne du Conseil des Etats, qui a confirmé son accord jeudi matin
par 32 voix contre 4.
Outre un soutien du marché de l'emploi, le 3e programme
conjoncturel devrait améliorer le pouvoir d'achat de la population.
Le produit de deux années de taxe sur le CO2 sera reversé dès 2010
à la population sous la forme d'une réduction des primes maladie.
Les mesures doivent entrer en vigueur l'an prochain. Les deux
conseils ont approuvé la clause d'urgence.
ats/dk
Syndicats et patrons soulagés
Syndicats et employeurs saluent l'adoption du 3e programme conjoncturel. Mais les premiers regrettent que le paquet de soutien à l'emploi ait été raboté de près de 120 millions de francs. Pour les seconds, "en fin de compte le résultat est bon".
Si l'Union patronale suisse (UPS) soutenait ce programme, elle voyait d'un oeil sceptique l'aide financière permettant aux organisations à but non lucratif d'engager durant six mois des chômeurs en fin de droit. Mais la décision de n'accorder cette aide que si le chômage passe la barre des 5% au niveau national satisfait l'UPS. "C'est une limite raisonnable. Cette mesure n'est à utiliser qu'en dernier recours", réagit le directeur de l'UPS Thomas Daum.
L'introduction du seuil de 5% entraîne une réduction de l'enveloppe destinée aux chômeurs de longue durée à 120 millions de francs au lieu des 238 millions initialement prévus. Ce rabotage déçoit les syndicats. La Société suisse des employés de commerce (SEC suisse) dénonce une mesure "incompréhensible".
"Ce paquet était déjà insuffisant au départ", s'insurge le président du syndicat de la communication Alain Carrupt. "Nos politiciens doivent faire attention à la précarisation et à l'exclusion des chômeurs les plus âgés". Si le résultat est "maigre", "au moins on ne se retrouve pas sans rien", constate le président de l'Union syndicale suisse Paul Rechsteiner.
Syndicats et patrons s'accordent d'ailleurs sur la nécessité des mesures pour les jeunes. "Un tiers des jeunes qui sortent d'apprentissage n'ont pas un emploi durable", rappelle la SEC suisse. Ces mesures sont un signal positif, mais elles ne résolvent pas à elles seules la "bombe à retardement" du chômage des jeunes, observe la SEC.
Du côté des cantons, l'heure est aussi au soulagement. "Avec ce nouveau paquet, nous avons davantages de moyens à disposition pour nous préparer à l'augmentation du chômage qui menace", explique le conseiller d'Etat valaisan Jean-Michel Cina, qui préside la Conférence des directeurs cantonaux de l'économie publique.