L'affiche litigieuse représente une femme voilée à côté d'un
drapeau suisse transpercé par des minarets. Les initiants comptent
la placarder dans deux semaines dans plusieurs villes du pays. Mais
les choses pourraient être plus compliquées que prévu.
Bâle-Ville a posé son veto sur la base d'une disposition légale
prohibant les affiches qui propagent des idéologies racistes et qui
hiérarchisent les groupes de population en fonction de
caractéristiques ethniques, religieuses, culturelles ou physiques,
a justifié le porte-parole de la direction cantonale des
constructions, André Frauchiger, confirmant une information parue
mardi dans le Bund
et le Tages-Anzeiger .
Décisions mercredi
Cette affiche ne suscite pas seulement des critiques sur les
bords du Rhin. A Lausanne, le municipal Olivier Français va
demander mercredi à ses collègues de l'interdire dans la capitale
vaudoise. «Ça suffit. Il faut stopper cet excès de provocation»,
a-t-il déclaré à l'ATS. Idem à Genève, où le Conseil administratif
doit également décider mercredi d'une éventuelle interdiction de
cette affiche. Son maire y est clairement favorable.
L'affiche constitue une atteinte à la liberté religieuse, a dit
Rémy Pagani à l'émission «Forum» de la RSR. Il est du devoir des
autorités de mettre un rempart face aux dérives possibles. A elles
aussi de rappeler certaines valeurs comme le respect des minorités,
a précisé le maire de Genève.
Expertise attendue
Berne, Zurich, Winterthour et Lucerne envisagent aussi une telle
interdiction. Avant de se prononcer, ces villes attendent une
expertise de la Commission fédérale contre le racisme sur le
caractère raciste ou non de l'affiche. Le document, qui pourrait
être présenté mercredi, incluera également l'avis d'organisations
internationales de défense des droits de l'homme.
Contrairement à Bâle, les grandes villes ne disposent pas toutes
d'une base légale ad hoc. Ainsi, Berne, Zurich et Winterthour ont
simplement conclu un contrat avec la Société générale d'affichage
(SAG) qui interdit la publicité blessante ou discriminatoire. La
SGA assure qu'elle respecte les directives des villes. «Cela est
aussi dans notre intérêt, car nous ne voulons pas faire d'entorse
au droit», a souligné son porte-parole Sascha Hardegger, faisant
allusion en particulier au principe de l'interdiction de
discrimination.
Annonces dans la presse
Les journaux ne sont pas non plus très chauds. Le groupe de
presse Ringier a annoncé qu'il ne publierait pas les annonces en
faveur du «oui» à l'initiative anti-minarets telles que conçues
actuellement. L'image qui accompagne l'annonce fait l'amalgame
entre l'islam, les minarets et la violence, a déploré le
porte-parole du groupe de presse Stefan Hackh.
Pour sa part, l'autre groupe zurichois, Tamedia, laisse à chaque
publication le soin de décider. Ses plus grands titres
(»TagesAnzeiger», «20 Minuten, «Bund», «Berner Zeitung») ont
décliné la publicité prônant le «oui» le 29 novembre.
L'interdiction prononcée par Bâle-Ville suscite la colère du
comité d'initiative. Son président, le conseiller national Walter
Wobmanm (UDC/SO), y voit «une décision purement arbitraire venant
de la gauche» et une atteinte à la liberté d'expression. Il pense
néanmoins que la situation pourrait avoir du bon en créant la
sympathie de la population.
Lundi, ce sont des encarts publicitaires publiés dans la Tribune
de Genève qui ont provoqué un tollé en France. L'UDC y invitait les
Genevois à refuser la réalisation de la ligne du CEVA pour éviter
la venue de "la racaille" d'Annemasse. Le maire de la commune
française va porter plainte contre l'UDC .
ats/cht