Lancé par les syndicats, ce dernier était soutenu par l'ensemble
de la gauche, l'Union démocratique fédérale (UDF) et les Jeunes
démocrates-chrétiens (JDC). Le Conseil d'Etat, le Grand Conseil
ainsi que le PDC, le PLR et l'UDC recommandaient l'acceptation de
la révision de la loi sur le commerce.
Statu quo préféré
Le corps électoral a préféré le statu quo et a rejeté la
révision par 42'320 voix contre 31'016 ou 57,7% des votants. La
participation s'est élevée à 41,51 %. Secrétaire régional d'UNIA
Fribourg, Armand Jaquier affichait «une joie sans limite» lorsque
les résultats sont tombés.
Idem chez son collègue et député Xavier Ganioz. Selon lui, les
vendeurs ont obtenu du peuple la reconnaissance que leurs patrons
leur refusent. Les syndicats espèrent bien que les employeurs
«auront compris le message» et accorderont de meilleures conditions
de travail dans le cadre d'une CCT.
Autre son de cloche de la part du directeur de l'Union patronale
fribourgeoise. «Ce vote montre que les Fribourgeois sont satisfaits
du statu quo», a déclaré Jean-Pierre Siggen.
Intermédiaire
Il ne voit donc pas ce que les patrons gagneraient à accorder
une CCT qui ne leur apporterait rien au niveau flexibilisation,
mais leur coûterait. Quant au conseiller d'Etat Erwin Jutzet, qui
s'est proposé comme intermédiaire entre les partenaires sociaux, il
n'a pas renoncé à les réunir autour d'une table de
négociations.
La révision de la loi prévoyait une sorte de troc, soit la
prolongation de l'ouverture des magasins de 16h00 à 17h00 le samedi
contre la diminution d'une heure, de 21h00 à 20h00, de la nocturne
en semaine.
Compensation contestée
Selon les référendaires, ce troc est un leurre. La nocturne
concerne beaucoup moins d'employés: les clients ne se pressant pas
au portillon à ces heures, les équipes sont réduites et un bon
nombre de commerces appliquent déjà le système de la nocturne
réduite. Alors que samedi, tout le monde est sur le pont.
Pour le comité référendaire, une heure de plus le samedi ne fera
qu'augmenter le stress des employés et la pénibilité de leur
travail. Selon lui, cette prolongation ne correspond pas à de
nouveaux besoins de consommation mais aux seuls intérêts des
grandes surfaces.
La majorité des Fribourgeois a partagé cette appréciation. Elle
n'a pas suivi l'argumentation de la droite et du gouvernement.
Selon ce dernier, un élargissement modéré des heures d'ouverture
des magasins le samedi était d'autant plus justifié que les
commerces devront faire face ces prochains mois, voire ces
prochaines années, à des conditions économiques difficiles.
Cette extension aurait pu aussi permettre aux commerces
fribourgeois de faire jeu égal avec les cantons voisins où les
commerces peuvent en général rester ouverts samedi jusqu'à 17h00,
voire 18h00. De l'avis des commerçants, une heure supplémentaire le
samedi aurait dû leur permettre d'accroître leur chiffre
d'affaires.
ats/cht
Serpent de mer
Il n'est pas dit que ce scrutin mette fin à une saga vieille de plus de 10 ans.
Ce n'est de loin pas la première fois que les Fribourgeois ont eu à se prononcer sur l'horaire d'ouverture des commerces.
Le sujet est très sensible à Fribourg où l'emploi dans le commerce de détail concerne plus de 10'000 personnes, soit environ les 10% des actifs.
Les Fribourgeois ont refusé une tentative de libéralisation en 1997.
Ils ont en outre pimenté la question des heures d'ouverture des commerces par celle des shops de stations-services. Ils se sont prononcés dans les urnes en 2003 et 2005.
Shops et kiosques peuvent désormais baisser leur rideau à 21h00 du lundi au samedi.