Laurent Moutinot a répondu aux questions qui lui ont été posées
et a répété qu'à ses yeux, les autorités genevoises avaient agi de
façon «correcte» lors de l'interpellation du fils du leader libyen,
a indiqué à la presse le président de la commission Geri
Müller.
En été 2008, la police genevoise était intervenue en force dans un
grand hôtel pour interpeller Hannibal et sa femme, accusés d'avoir
maltraité deux de leurs domestiques. Le fils de Mouammar Kadhafi
avait été détenu deux jours, avant d'être libéré sous caution.
Les précisions données par Laurent Moutinot ont été
convaincantes. C'est du moins l'avis de la conseillère nationale
Martine Brunschwig-Graf (PLR/GE), membre de la Commission,
interrogée par la Télévision suisse alémanique.
La commission a relevé dans un communiqué qu'après avoir été
informée par Hans-Rudolf Merz et Micheline Calmy-Rey de l'état des
relations entre les deux pays, «une discussion a eu lieu au sujet
des suites possibles à donner à cette affaire». «Le Conseil
fédéral, des compétences duquel relève cette affaire, continuera
d'informer la commission à ce sujet».
De mystérieuses vidéos
Lors de l'audition, Laurent Moutinot a été interrogé sur
l'existence de vidéos en lien avec l'affaire. Le magistrat a
confirmé que des enregistrements avaient été versés au dossier, a
déclaré une porte-parole du Département genevois des
institutions.
Selon l'attachée de presse, ces vidéos ne seraient pas des preuves
à charge. Il pourrait s'agir d'images prises par les caméras de
surveillance du palace où résidait le couple Kadhafi, et qui
montreraient les allers et venues dans les couloirs de
l'hôtel.
Aucune vidéo n'a été projetée durant l'audition de Laurent
Moutinot, a souligné Geri Müller. Le conseiller national vert
argovien a même démenti qu'une discussion ait eu lieu sur cette
question lors de la séance de la commission, s'étonnant qu'une
telle information ait pu circuler.
La rencontre avec Laurent Moutinot a permis à tous les
commissaires d'être au même niveau d'information, a fait savoir le
conseiller national socialiste Carlo Sommaruga. «Il n'y a pas eu de
scoop», a ajouté l'UDC genevois Yves Nidegger.
Conseillers fédéraux aussi entendus
La commission a également
auditionné le président de la Confédération Hans-Rudolf Merz et la
ministre des affaires étrangères Micheline Calmy-Rey. Les
conseillers fédéraux n'ont fait aucune déclaration à l'issue de la
séance, rejoignant prestement leur limousine.
Le même silence a été observé par Geri Müller sur la teneur des
discussions avec les deux membres du gouvernement. Le député
argovien n'a rien voulu dire sur les otages suisses retenus par la
Libye et dont Berne est sans nouvelle depuis quelques semaines.
Le conseiller national n'a pas été plus prolixe sur la
constitution du Tribunal arbitral international qui doit faire la
lumière sur l'arrestation d'Hannibal Kadhafi et de sa femme. Le nom
du président de cette instance n'a pas encore été communiqué.
La séance de la Commission de la politique extérieure du Conseil
national, qui se tenait exceptionnellement à Genève, s'est déroulée
dans un climat tendu. Personne, visiblement, n'osait trop parler de
peur de compromettre le bon dénouement de la crise avec la
Libye.
ats/sbo
Toujours aucune nouvelle des otages
Les deux travailleurs suisses retenus en Libye devraient être de retour avant le 20 octobre, avait promis Hans-Rudolf Merz après sa rencontre avec le colonel Kadhafi le 24 septembre à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU.
Le retour des deux otages avait déjà une première fois été assuré pour avant la fin du mois d'août, après un voyage de Hans-Rudolf Merz en Libye qui s'était soldé par un accord entre les deux pays.
Le ministre Ueli Maurer avait lui indiqué fin septembre qu'il ne s'attendait pas à un retour des deux Suisses cette année, mais plutôt d'ici fin 2010.
La pression est d'autant plus grande sur les épaules du ministre Hans-Rudolf Merz que les deux concitoyens sont, depuis la mi-septembre, en détention dans un lieu "sûr", selon les termes de Tripoli.
Selon la Tribune de Genève, de nombreux parlementaires souhaiteraient que le ministre de l'Economie présente sa démission dès la fin de sa présidence.
Les deux otages, un Suisse alémanique de 54 ans représentant du groupe d'ingénierie ABB en Libye et le responsable d'une petite entreprise de construction, sont empêchés de quitter le territoire libyen depuis le 19 juillet 2008, après que Hannibal Kadhafi, fils du colonel libyen, et son épouse Aline ont été arrêtés à Genève.