Roman Polanski se rendait souvent en Suisse
L'avocat français de Roman Polanski est surpris par l'arrestation de son client en Suisse. En effet, le cinéaste possède un chalet à Gstaad et s'y rendait fréquemment sans jamais être inquiété, a expliqué l'avocat dans un entretien publié lundi par le quotidien français Le Figaro.
"Nous ne nous attendions absolument pas à une telle arrestation
dans la mesure où il se rend très régulièrement en Suisse, et ce
depuis de nombreuses années", a déclaré Me Hervé Temime au
Figaro . "Il y possède même un
chalet situé à Gstaad, le plus officiellement du monde."
L'avocat a annoncé son intention de combattre une éventuelle
extradition vers les Etats-Unis. Il devait se rendre dimanche soir
à Zurich, où Roman Polanski a été arrêté sur mandat d'arrêt
américain pour une affaire de moeurs remontant à 1977.
Me Temime a déclaré qu'il allait "demander sa remise en liberté"
avant de se "défendre sur le fond (contre) la procédure
d'extradition".
Une arrestation qui intervient alors que la venue du cinéaste à
Zurich était connue publiquement et qu'un mandat d'arrêt à son
encontre a été lancé jeudi dernier par les Etats-Unis.
Techniquement, comme l'a expliqué l'avocat genevois Dominique
Warluzel dimanche dans l'émission Forum de la RSR, la Suisse est
dans ce cas récipendiaire de cette demande américaine. Les deux
pays reconnaissant l'imprescribilité des actes pédophiles, Roman
Polanski a été placé en détention extraditionnelle.
Une défense helvétique temporaire
Un cabinet d'avocat de Zurich a par ailleurs annoncé lundi que
Roman Polanski avait engagé un avocat suisse pour le représenter le
temps de sa détention en Suisse et de sa possible extradition vers
les Etats-Unis.
L'avocat Lorenz Erni du cabinet Eschmann & Erni a été engagé
par le réalisateur franco-polonais, a précisé la secrétaire du
cabinet Gabriele Joesler.
Sexe, drogue et séance photos
Samantha Geimer, l'adolescente avec laquelle Roman Polanski a eu
des "relations sexuelles illégales" demande à la justice américaine
d'abandonner les poursuites contre le cinéaste pour que "ce
chapitre se referme". Elle est aujourd'hui une mère de famille de
45 ans (lire l'encadré).
Lors de son témoignage devant un grand jury réuni pour juger les
faits en 1977, l'adolescente raconte qu'en mars de cette année,
Roman Polanski demande à sa mère s'il peut organiser une séance
photos avec Samantha dans la villa de l'acteur Jack Nicholson,
située dans le quartier de Hollywood Hills.
Lorsque l'adolescente de 13 ans arrive, Roman Polanski l'abreuve
de champagne et de drogues. Il prend des photos d'elle nue dans un
bain. Puis, malgré la résistance qu'elle lui oppose, Roman Polanski
réussit à la forcer à avoir une relation sexuelle, toujours selon
son témoignage devant la justice.
Un mois et demi de prison, 32 ans de cavale
Arrêté sur la plainte des parents de Samantha Geimer, le
cinéaste, 43 ans à l'époque, plaide coupable de "relations
sexuelles illégales" et passe un mois et demi en prison. Fin
janvier 1978, menacé de retourner sous les verrous, Polanski prend
un avion pour la France où il vit depuis.
ats/sbo
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La victime veut tourner la page
Samantha Geimer a à de nombreuses reprises exprimé le dégoût qu'elle a ressenti lorsqu'elle a dû raconter les faits à la police, puis à la Justice. Elle a quitté Los Angeles pour Hawaï dans les années 80 où elle s'est mariée et a élevé trois fils, loin de la célébrité qu'elle a acquise malgré elle.
En janvier de cette année, elle s'est décidée à faire une requête devant la Justice de Los Angeles pour que les poursuites contre Roman Polanski soient abandonnées.
Elle a expliqué que l'insistance avec laquelle le parquet de la ville exigeait le retour du cinéaste aux Etats-Unis tenait de la "mauvaise blague" dont elle faisait les frais.
A cela s'ajoute la colère qu'elle ressent chaque fois que la justice ressort son témoignage.
"J'ai survécu, j'ai même surmonté (cette épreuve) et guéri de tous les maux que Roman Polanski a pu m'infliger lorsque j'étais enfant", dit-elle, ajoutant qu'il est temps que "ce chapitre se referme".