En juillet dernier, les avocats américains du cinéaste, oscarisé
en 2003 pour "Le Pianiste", avaient réclamé devant la justice
l'abandon des poursuites, estimant que l'absence d'effort sérieux
pour faire arrêter Roman Polanski était une preuve de la faiblesse
de l'accusation.
Selon le Los Angeles Times, les remarques des avocats auraient
poussé le bureau du procureur à chercher une occasion rapide
d'arrêter le cinéaste, occasion toute trouvée en Suisse, qui a un
traité d'extradition avec les Etats-Unis, selon une source proche
du dossier citée par le Los Angeles Times.
Le procureur réfute
Lundi, le bureau du procureur de Los Angeles a réfuté toute
passivité, affirmant au contraire que ses services avaient demandé
à plusieurs reprises l'arrestation du réalisateur, la première fois
au Royaume-Uni en 1978. Le bureau de l'avocat général du district
de Los Angeles indique que neuf actions ont été tentées au fil des
années, une tous les deux ans environ.
La dernière remontait à 2007, quand le cinéaste avait voyagé en
Israël, mais ils n'avaient pas été assez rapides. Une autre
tentative auprès des autorités thaïlandaises n'avait pas permis non
plus de coincer le réalisateur en 2005. Sans parler de la demande
d'extradition adressée à la France en 1994, pays dont le
réalisateur possède la nationalité. La France n'extrade pas ses
citoyens.
Roman Polanski, 76 ans, a été arrêté samedi à sa descente d'avion
à Zurich, où il devait recevoir un prix pour l'ensemble de son
oeuvre au Festival du film de la ville. Le procureur de Los Angeles
a précisé qu'il demanderait son extradition, dans un délai de 40
jours. Les avocats du cinéaste ont fait savoir qu'ils allaient
demander sa libération en Suisse. Le cinéaste doit défendre ses
droits pour tenter d'échapper à l'extradition.
Le cinéaste s'était enfui des Etats-Unis en 1978, après avoir été
condamné pour "relations sexuelles illégales" avec une mineure de
13 ans en 1977. Il n'avait jamais remis les pieds aux Etats-Unis
depuis.
afp/ap/bri
La production de "The
Ghost" ralentie
L'arrestation en Suisse du cinéaste Roman Polanski ralentit la
production de son prochain film, "The Ghost" (le fantôme), qui va
nécessiter encore plusieurs mois de travail. L'agent de Polanski,
Jeff Berg, précise qu'une bonne part de la post-production, la
bande son notamment, reste à fabriquer.
Le film "The Ghost", inspiré d'un roman de Robert Harris, met en
scène un dirigeant britannique de fiction, Adam Lang, et un
écrivain de l'ombre, Ewan McGregor, recruté pour rédiger ses
mémoires. Le projet a fait sensation en Grande-Bretagne en raison
de la ressemblance du héros avec l'ancien Premier ministre Tony
Blair. Comme lui, Lang va mener son pays à la guerre en faisant
allégeance aux Etats-Unis.