Publié

"L'Office de la culture aurait dû s'interroger"

E.Widmer-Schlumpf relativise les dommages générés par la campagne anti-minarets.
"En tant que politicienne, je n'avais rien à dire", affirme la cheffe de la Justice.
Toute personne s'intéressant à la culture savait que Polanski était en délicatesse avec la justice américaine, affirme E.Widmer-Schlumpf dans Le Matin Dimanche. Pour elle, l'Office fédéral de la culture, les organisateurs du festival et les avocats du cinéaste auraient dû s'interroger "avant".

Depuis 2005, le cinéaste franco-polonais était recherché par
Interpol, qui demandait son arrestation, explique la ministre de la
Justice dans une interview accordée au Matin Dimanche et à la
SonntagsZeitung. Il faisait l'objet d'une demande d'extradition des
Etats-Unis. Or la Suisse est liée à ce pays par un traité
d'extradition et celui-ci imposait à la Suisse d'arrêter Roman
Polanski, répète Eveline Widmer-Schlumpf.

Dénonciation

Eveline Widmer-Schlumpf critique l'attitude de l'Office fédéral
de la culture et des organisateurs du Zurich film festival. Ceux-ci
auraient dû prendre en compte, avant d'inviter Roman Polanski en
Suisse pour lui remettre un prix, qu'en Suisse, la prescription
pour les affaires d'extradition entre la Suisse et les Etats-Unis
est calculée en fonction du droit en vigueur dans le pays qui
demande l'extradition, selon elle.

Roman Polanski, qui
possède un chalet à Gstaad depuis plusieurs années, avait déjà
séjourné dans le pays sans être inquiété par une arrestation. Cette
fois-ci, il a pu être arrêté parce que l'Office fédéral de la
justice savait à l'avance que Roman Polanski allait venir en Suisse
à l'occasion du festival de film, notamment parce que les
organisateurs "avaient activement et largement diffusé la
nouvelle". Toutes ses précédentes visites avaient été annoncées à
l'Office de la justice après coup.



Or, explique encore la ministre, si lors de ses précédents
passages à Gstaad, le réalisateur avait subi un contrôle d'identité
-par exemple dans le cas d'un accrochage en voiture-, la police
aurait remarqué qu'il était inscrit dans RIPOL (un système de
recherche informatisée de police). "Roman Polanski devait toujours
craindre d'être importuné", ajoute la conseillère fédérale.

"La loi reste la loi"

Enfin, la ministre répète une nouvelle fois que l'Office fédéral
de la justice n'avait d'autre choix que d'arrêter Roman Polanski.
"Nous ne pouvions pas agir différemment parce qu'il est très
connu", se défend-elle. "La loi reste la loi".



Répondant à la critique émise par la ministre des Affaires
étrangères Micheline Calmy-Rey, le manque de doigté de la Suisse
dans l'arrestation de Roman Polanski, Eveline Widmer-Schlumpf
répond: "Je ne sais pas ce qu'elle s'imagine". La ministre de la
Justice est certaine qu'il ne fallait pas informer à l'avance de
l'arrestation. "Cela aurait été à mon avis faire preuve de
favoritisme, voire de violation du secret de fonction, deux
délits", affirme la ministre de la Justice.

Décision rapide du tribunal

Eveline Widmer-Schlumpf relève en outre qu'"en règle générale,
le prévenu qui doit être extradé reste en prison aussi longtemps
que dure la procédure". Elle s'attend à ce que le Tribunal pénal
fédéral tranche "rapidement" sur le recours dont il a été
saisi.



Roman Polanski a été arrêté samedi dernier à Zurich à son arrivée
en Suisse.



Le cinéaste devait recevoir un prix au Festival du film de Zurich.
Les autorités américaines ont ouvert contre lui une procédure il y
a 30 ans pour une affaire de moeurs. Il aurait eu des "relations
sexuelles illégales" avec une jeune fille âgée de 13 ans à
l'époque. Aujourd'hui mère de famille, sa victime a demandé
l'abandon des poursuites afin de pouvoir tourner la page.



agences/mej

Publié

Le chalet de Polanski acquis sous mandat d'arrêt

C'est après l'émission d'un mandat d'arrêt international contre Roman Polanski que l'acquisition de son chalet à Gstaad a été autorisée par l'Office fédéral chargé du droit du registre foncier et du droit foncier, qui relève de l'Office fédéral de la justice (OFJ).

Le porte-parole du Département fédéral de justice et police Guido Balmer a confirmé cette information parue dans la NZZ am Sonntag et le journal Sonntag. Le mandat d'arrêt international contre le cinéaste franco-polonais a été délivré par les Etats-Unis à fin 2005. Le ministre de la Justice était à l'époque Christoph Blocher.

Quelques mois plus tard, l'Office fédéral chargé du droit du registre foncier et du droit foncier a examiné l'autorisation d'acquérir une maison à Gstaad délivrée par le canton de Berne. Cela, en vertu de la Lex Koller, qui limite l'acquisition d'immeubles par des étrangers, selon Guido Balmer. Dans le cas particulier, il est apparu que les conditions légales permettant l'acquisition étaient remplies.

Les différences de tâches entre les offices font qu'il n'y a pas eu de réaction, explique Guido Balmer. Les collaborateurs de l'office en charge des questions foncières n'ont pas à consulter le système de recherches informatisées de police (RIPOL).

Directeur de l'Office fédéral de la justice, Michael Leupold relève pour sa part dans la NZZ am Sonntag que les recherches sont du ressort des polices cantonales. Les moyens de celles-ci sont d'ailleurs limités alors que quelque 20'000 individus sont recherchés chaque année au niveau international.

Une arrestation "étrange" pour Leuenberger

L'arrestation de Roman Polanski surprend le conseiller fédéral Moritz Leuenberger. La Suisse a agi de manière "très formaliste", affirme-t-il dans Sonntag, ajoutant que ce n'est pas un reproche.

Mais le résultat est "étrange", car le cinéaste avait été invité pour recevoir un prix co-financé par la Confédération. Il n'y a toutefois "aucune ruse là derrière".

Moritz Leuenberger comprend les réactions provoquées à l'étranger par l'arrestation du cinéaste à Zurich. Mais il ne partage pas l'argument selon lequel Roman Polanski n'aurait pas dû être arrêté parce qu'il est un créateur.