L'homme, aujourd'hui malade et diminué, avait été condamné en
1998 à onze ans et demi de réclusion pour des viols répétés et des
actes d'ordre sexuels particulièrement sordides commis sur les deux
filles de sa compagne. Les victimes avaient entre 11 et 16
ans.
«La Cour ne peut pas prendre le risque qu'il y ait d'autres
victimes», a estimé le président du tribunal, Pierre Bruttin. Même
si l'homme est atteint dans sa santé, il faut privilégier la
sécurité publique. «La mesure est lourde, mais il faut appliquer la
loi dans toute sa rigueur», a-t-il ajouté.
Pas d'efforts de traitement
L'article 65 alinéa 2 du code pénal a été introduit en 2007 dans
la foulée de l'acceptation de l'initiative sur l'internement à vie
des criminels dangereux. L'application de cette disposition
controversée est une première vaudoise, et probablement suisse,
l'Office fédéral de la justice ne recensant pas ce type de
données.
Pour le tribunal nyonnais, le condamné n'a pas pris conscience de
la gravité de ses actes. Psychiquement, il présente les mêmes
troubles et n'a pas fait l'effort de se soumettre à un traitement,
se contentant de suivre, un temps, «une psychothérapie de
façade».
En prison, il a commis de nouveaux actes délictueux en effectuant
des montages pornographiques avec les visages de ses deux victimes.
Il a écopé en 2005 de dix mois de prison supplémentaires. S'il est
libéré, nul ne peut exclure qu'il tente de reprendre contact avec
ses anciennes victimes (lire ci-contre).
ats/sbo
Un important risque de récidive
Pour la Cour, il présente un risque sérieux de récidive que les juges de 1998 ne pouvaient pas connaître. Les psychiatres ont aujourd'hui à disposition de nouvelles méthodes d'analyse pour évaluer ce danger.
Pour le tribunal, les conditions d'un internement étaient déjà réunies en 1998, un préalable pour l'application de l'article 65. La Cour a largement suivi le réquisitoire du Ministère public.
La défense, qui peut faire recours, estimait que le risque de récidive des actes graves sanctionnés en 1998 était sensiblement réduit, en raison de l'âge et de la maladie du vieil homme.
Au besoin, des mesures civiles d'éloignement auraient pu protéger les victimes, aujourd'hui adultes, avait plaidé Me Stefan Disch.