L'eau potable n'est pas en danger, mais elle est "de plus en plus sous pression", souligne l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) dans son communiqué.
Les eaux souterraines, qui fournissent 80 % de l'eau potable consommée en Suisse, sont une ressource indigène de première importance. Or en 2014, des concentrations supérieures à 25 mg/l ont été relevées dans près de 15% des stations, 25 mg/l étant la valeur limite fixée dans l'ordonnance sur la protection des eaux (OEaux), a expliqué Roland Kozel, chef de la division hydrologie à l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) lors d'une conférence de presse jeudi à Berne.
"On peut toujours boire l'eau en Suisse, on en est actuellement au stade où on doit prendre des mesures, et on prend des mesures", affirme Guy Parmelin, chef du Département de l'économie, de la formation et de la recherche à la caméra de RTSinfo. "Je tiens – comme consommateur et comme comme conseiller fédéral – à ce que nous puissions continuer à boire de l'eau potable. J'en bois tous les jours, et le Conseil fédéral, les agriculteurs, n'ont pas attendu ce rapport pour agir".
Zones agricoles touchées
Dans les zones de grandes cultures, cette valeur a été dépassée à 40% des stations. Une concentration supérieure à 40 mg/l, la valeur-limite fixée dans la législation sur les denrées alimentaires pour l'eau potable, a même été détectée dans 2% des stations.
Les zones les plus touchées sont situées dans les grandes exploitations agricoles du Plateau. Ce document se base sur des données récoltées entre 2007 et 2014 par les 600 stations de mesure du Réseau national d'observation des eaux souterraines (NAQUA).
Des pesticides aussi
Les pesticides constituent également un problème. Des résidus de produits phytosanitaires ont été détectés dans les eaux souterraines par plus de la moitié des stations de mesure, indique l'OFEV.
En 2014, les substances actives de ces produits ont dépassé la valeur-limite de 0,1 microgramme par litre (μg/l) à 2 % des stations. On trouve encore dans les eaux souterraines des résidus d'atrazine, un herbicide pourtant interdit en Suisse depuis plus de dix ans.
Des concentrations élevées de substances issues de leur dégradation, appelées métabolites, ont aussi été largement détectées, surtout sur le Plateau. Dans quelque 20 % des stations de mesure, les concentrations étaient supérieures à 0,1 μg/l, la valeur-limite fixée pour certains métabolites.
Hydrocarbures halogénés
Des concentrations dépassant la valeur-limite fixée dans l'OEaux sont aussi relevées pour les hydrocarbures halogénés volatils (HHV), une substance que l'on trouve dans les bombes aérosol ou les installations de réfrigérations. En 2014, c'était le cas à 4 % des stations de mesure.
Cette pollution provient de sites contaminés tels que des anciennes usines ou des décharges. Des micropolluants provenant des eaux usées ont également été détectés.
Guy Parmelin rappelle que cinquante et une mesures sont en cours: "Depuis l'été 2017, un plan d'action est appliqué dans toute la Suisse: cela va de l'interdiction de certains produits, à d'autres mesures comme la revitalisation des cours d'eau".
ats/nr/cg/sjaq
Assez d'eau en Suisse
18 milliards de m3 : c'est le volume d'eaux souterraines que la Suisse pourrait, en théorie, exploiter chaque année durablement, c'est-à-dire sans provoquer d'abaissement persistant du niveau de ces eaux ni d'autres atteintes à l'environnement. Cela correspond à plus de dix fois les besoins actuels.
Mais dans de nombreux endroits, l'agriculture, l'industrie et les villes occupent toute la place. "C'est presque impossible de trouver un endroit où l'on pourrait creuser sur le Plateau, en raison de la densité de l'occupation du territoire", précise Stephan Müller, chef de la division des eaux à l'OFEV.
Pour l'heure, l'OFEV ne montre pas particulièrement inquiet sur le volume d'eau à disposition, même avec le changement climatique. Des pénuries d'eau pourront toutefois survenir localement, comme c'est déjà le cas aujourd'hui.