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Permis de conduire: la boîte automatique gagne de la vitesse

Permis de conduire: la boîte automatique gagne de la vitesse.
Permis de conduire: la boîte automatique gagne de la vitesse. / 19h30 / 2 min. / le 15 août 2019
De plus en plus de jeunes choisissent de passer leur permis de conduire sur un véhicule automatique. Dans le canton de Vaud, les examens sur voiture automatique sont même devenus majoritaires, devant la boîte manuelle, selon une estimation du service automobile.

L'information a d'abord été relevée dans les pages vaudoises du magazine TCS (p.4). Dans le canton de Vaud, environ 60% des candidats se présentent désormais à l'examen du permis de conduire au volant d'une voiture automatique.

Avant la réforme de février 2019, ils n'étaient que 15%. Le Service des Automobiles du canton de Vaud ne dispose pas de données statistiques précises, mais il confirme cette estimation à RTSinfo.

"Ça a l'air plus simple"

La hausse est moins marquée, mais elle se vérifie partout en Suisse romande. Dans le canton de Neuchâtel, avant le 1er février 2019, moins de 1% des examens se faisaient sur boîte automatique.

Aujourd'hui, le Service cantonal des automobiles et de la navigation de Neuchâtel évalue ce pourcentage à environ 30%. L'Office de la circulation et de la navigation fribourgeois estime à 10% fin 2018 le nombre d'élèves choisissant l'automatique lors du permis de conduire, contre environ 25% actuellement. En Valais, depuis le 1er février 2019, 34,1% des conducteurs ont effectué leur examen pratique avec un véhicule muni d'une boîte automatique. Les cantons de Genève et du Jura attestent aussi d'une augmentation significative.

Antony, 19 ans, fait partie de ces jeunes qui choisissent de passer l'examen du permis sur un véhicule automatique: "Ça a l'air plus simple et on est plus attentif à la route". La réforme de février a pesé sur sa décision: "A la base je voulais faire l'examen en manuelle, pour ne pas avoir un permis limité à la conduite automatique. Mais dès que j'ai su qu'il n'y avait plus de différence, je me suis dit que j'allais le faire en automatique!"

Antony a tout de même pris cinq heures de leçon sur boîte manuelle, au cas où il serait un jour amené à conduire ce type de véhicule. D'autres, comme Thomas Le Compte, 18 ans, décident de faire totalement l'impasse sur la formation manuelle: "Je ne pense pas en avoir besoin parce qu'à l'avenir, on ne fabriquera quasiment plus d'autos manuelles. On aura des voitures automatiques ou électriques".

>> Regarder les explications de Julie Conti: "Les jeunes sont de moins en moins nombreux à passer le permis" :

Julie Conti "Les jeunes sont de moins en moins nombreux à passer le permis."
Julie Conti "Les jeunes sont de moins en moins nombreux à passer le permis." / 19h30 / 1 min. / le 15 août 2019

Le parc automobile suisse évolue

Ces dernières années, les immatriculations de nouveaux véhicules automatiques ont effectivement pris l'ascenseur. Mais ces véhicules ne représentent encore que 25% du parc automobile suisse, contre 71% pour les manuelles, selon les statistiques 2018 de l'OFS.

Les moniteurs de conduite conseillent donc fortement à leurs élèves de prendre quelques leçons sur voiture manuelle, même s'ils choisissent de se présenter à l'examen sur une automatique. Thierry Pittet, directeur d'auto-école, argumente: "Si vous êtes à un cédez-le-passage et que vous ne savez pas démarrer avec une manuelle, que vous lâchez brusquement l'embrayage, la voiture peut partir dans la mauvaise direction, prendre un mauvais virage. C'est important par rapport à la sécurité et aussi par rapport à l'écologie. Devant un feu qui passe au vert, si l'on ne démarre pas franchement avec une manuelle, il n'y aura que trois voitures au lieu de sept qui passeront: on va boucher les villes".

Thierry Pittet évoque aussi un mauvais calcul économique de la part de ceux qui ne prendraient aucune leçon avant de se mettre au volant d'un véhicule manuel: "Si on manœuvre correctement une voiture manuelle, en démarrant bien, avec les bons rapports, on économise jusqu'à deux litres aux cent. Sur une année de conduite, c'est 1000 à 1500 francs d'économie".

Des oppositions pour la réforme

La réforme de février 2019 avait suscité de nombreuses oppositions, notamment de la part du Touring Club Suisse (TCS) et du Bureau de Prévention des Accidents (BPA), qui redoutaient une hausse des accidents chez les nouveaux conducteurs.

Six mois après l'entrée en vigueur de la réforme, le TCS et le BPA gardent un œil sur le dossier, mais ne tirent pour l'instant aucun bilan. L'Office fédéral des routes, à l'origine de cette évolution, ne s'avance pas davantage: "Le Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC) a été chargé d'évaluer les incidences de ces mesures (…) Ce rapport devra être élaboré au plus tard trois ans après leur entrée en vigueur. Dans ce contexte, on tiendra compte de plusieurs paramètres, y compris l'évolution du nombre de personnes passant le permis sur un véhicule automatique. Cependant, à l'heure actuelle, nous ne pouvons pas anticiper ces évaluations".

Pascale Defrance/sjaq

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La réforme de février 2019

Autrefois, si un candidat se présentait à l'examen du permis de conduire sur un véhicule automatique, il n'était ensuite pas autorisé à conduire une voiture manuelle.

La réforme entrée en vigueur le 1er février 2019 fait tomber cette limitation.

Désormais, les conducteurs ayant décroché le permis de conduire peuvent se mettre aussi bien au volant d'une manuelle que d'une automatique, quel que soit le véhicule sur lequel l'examen a été passé.