Pourtant, le cinéaste s'engage à ne pas quitter le pays, selon
ses avocats parisiens. Cette prise de position figure dans la
réponse de l'OFJ au Tribunal pénal fédéral (TPF) à Bellinzone (TI),
a précisé son porte-parole Folco Galli. Le TPF a en effet été saisi
d'un recours des avocats de Roman Polanski contre le maintien en
détention provisoire de leur client âgé de 76 ans.
Ils tentaient ainsi d'obtenir sa remise en liberté rapide, même
assortie du paiement d'une caution ou d'un placement en résidence
surveillée dans son chalet de Gstaad dans l'Oberland bernois. Par
ce biais, l'OFJ a également statué sur la demande de réexamen de la
mise en détention du cinéaste que ses avocats avaient adressée
directement à l'office, a expliqué Folco Galli. La demande de
réexamen est en effet rédigée dans les mêmes termes et repose sur
les mêmes arguments que le recours au TPF.
L'opposition de l'OFJ va à l'encontre d'une mise en liberté sous
caution ou d'autres mesures moins coercitives visant à s'assurer de
la présence du cinéaste en Suisse durant toute la durée de la
procédure d'extradition. La décision du TPF sur le maintien en
détention est pendante. Lors de son dépôt le 29 septembre dernier,
le tribunal avait annoncé que sa décision tomberait dans les
semaines suivant les derniers échanges d'écritures.
Polanski s'engage à rester en Suisse
Les avocats Hervé Temime et Georges Kiejman, à Paris, ont publié
mardi un communiqué relatif à leur célèbre client. "Monsieur
Polanski s'engage à ne pas quitter le territoire suisse durant
toute la procédure d'extradition et à respecter toutes les
obligations qui pourraient lui être imposées pour garantir cet
engagement", ont souligné ses avocats parisiens.
Pour sa part, l'avocat suisse du cinéaste "va faire connaître ses
observations pour permettre au Tribunal de Bellinzone de prendre sa
décision en toute connaissance de cause".
Par ailleurs, Hervé Termine a souhaité mardi à Paris que les juges
suisses chargés de statuer sur une libération du cinéaste détenu en
Suisse depuis dix jours se tiennent à l'écart du "lynchage
médiatique" autour de cette affaire, qui n'est "pas compatible avec
la sérénité dans laquelle la justice doit être rendue". "Nous
attendons donc avec confiance la décision des juges suisses la
semaine prochaine", a ajouté l'avocat.
agences/cht
Rappel des faits
Roman Polanski a été arrêté le 26 septembre dernier à l'aéroport de Zurich-Kloten et placé en détention provisoire en vue de son extradition. Cette mesure fait suite à un mandat d'arrêt international lancé par les Etats-Unis dans une affaire d'abus sexuels commis par le cinéaste sur une jeune fille de 13 ans il y a une trentaine d'années.
Les Etats-Unis ont 60 jours pour déposer formellement une demande d'extradition et c'est l'OFJ qui statuera sur cette demande en première instance. La décision pourra ensuite faire l'objet de recours auprès du TPF, puis du Tribunal fédéral (TF).
Toutefois, ce dernier n'entre en matière sur un tel recours que s'il s'agit d'un cas ayant une signification particulière. Ce n'est le cas que si des règles élémentaires de procédure ont été violées ou si la procédure suivie à l'étranger souffre de graves lacunes. En général, les justiciables restent en détention durant la procédure d'extradition.