46'592 francs. C'est le revenu médian annuel dont dispose la population immigrée après avoir retranché cotisations obligatoires, impôts et assurances. La différence est de taille par rapport au revenu disponible de la population non issue de la migration, qui peut compter sur 53'745 francs, soit 15% de plus.
En Suisse, 38% de la population résidante permanente est issue de la migration. Et le revenu disponible est l'un de 23 indicateurs de l'OFS qui permettent de mesurer leur intégration.
Parmi les autres critères figure notamment la "difficulté à joindre les deux bouts". 17,3% des migrants affirment avoir de la peine à boucler leurs fins de mois. Une proportion deux fois et demie plus importante que parmi la population d'origine helvétique (7,2%).
Conséquence de cette situation précaire, deux fois plus de personnes issues de la migration (4,5%) renoncent à des soins dentaires, faute d'argent.
Etat de santé plus fragile
Au-delà des difficultés financières, l'état de santé des immigrés est plus fragile. Ils sont 44,7% à affirmer être régulièrement victimes d'un sentiment de solitude contre 35,1% des Suisses.
Le constat est le même au niveau de l'activité physique. Si 6,6% des Suisses ne pratiquent que peu ou pas de sport, cette proportion prend l'ascenseur chez les individus issus de la migration pour atteindre 10,9%. Ce chiffre baisse toutefois à 7,7% chez les étrangers de deuxième génération.
Un système judiciaire apprécié
L'intégration n'apparaît pas comme un long fleuve tranquille mais les immigrés témoignent finalement d'une grande confiance envers le système judiciaire (59,4%) et la police (66,8%). Une confiance à chaque fois plus importante que chez les individus non issus de la migration.
L'intégration est le "processus de toute une vie"
Pour Albana Krasniqi, directrice de l'université populaire albanaise de Genève, il reste "difficile pour un étranger de trouver une place" car "toutes les voies ne sont pas ouvertes".
Pour celle qui est également membre de la Commission fédérale des migrations, "l'intégration est un processus de toute une vie", à la fois pour le migrant mais aussi et surtout pour la société d'accueil, qui implique de facto l'ensemble de la population.
Interrogée dans le 19h30, Albana Krasniqi conclut en notant que depuis les premières vagues d'immigration, il y a eu beaucoup de progrès en Suisse, mais elle souligne que la politique d'intégration est néanmoins récente.
Kevin Gertsch