Reste à savoir si le maire va actionner la justice française ou
suisse. La question est assez compliquée du point de vue juridique,
a relevé M. Colomb. M. Dupessey aurait aussi pu attaquer la
«Tribune de Genève» qui a publié l'encart. Il y a renoncé après
s'être entretenu avec le rédacteur en chef du journal Pierre
Ruetschi.
L'encart publicitaire controversé, paru lundi sur une demi-page
dans le cahier région de la «Tribune de Genève», s'en prend à la
ligne ferroviaire CEVA en ces termes: «Le CEVA? Un nouveau moyen de
transport pour la racaille d'Annemasse! Expulsons les criminels
étrangers! Ne leur offrons pas encore un accès à Genève!».
Un parti divisé
Un argumentaire que beaucoup de membres de l'UDC genevoise ne
partagent pas. Le parti est divisé et nombreux sont ceux qui en
veulent à son président Soli Pardo. L'avocat avait déjà été
l'auteur d'une affiche controversé contre le pacs. Aujourd'hui, il
refait parler de lui avec cet encart.
A l'UDC Genève, «nous ne voulions plus de cette communication
faite sur un coin de table, pour éviter la pagaille lorsqu'un
problème surgi», a souligné le conseiller national Yves Nidegger.
Or, Soli Pardo a de nouveau agi sans consulter le parti, comme avec
l'affiche contre le pacs, a-t-il regretté. La confiance est
actuellement rompue, a poursuivi M. Nidegger.
L'UDC tiendra une assemblée générale le 16 octobre, entre
l'élection du Grand Conseil et celle du Conseil d'Etat genevois.
Certains vont en profiter pour réclamer la démission de Soli Pardo,
comme le député au Grand Conseil Olivier Wasmer.
Ambilly aussi choqué
Mardi, le maire d'Ambilly (F), Guillaume Mathelier, a également
réagi à la campagne publicitaire de l'UDC. Il a tenu à affirmer son
soutien au maire d'Annemasse «au nom de la solidarité d'une
agglomération en mouvement» et a condamné les extrémistes qui
«s'arcboutent sur des positions xénophobes et rétrogrades».
En soirée, les Eglises chrétiennes de Genève ont également tenu à
réagir dans un communiqué commun. Dénonçant la dérive constatée
dans la presse, l'Eglise protestante et les bureaux des Eglises
catholiques romaine et chrétienne «déclarent que tout parti
politique qui incite à la haine raciale ou prône l'exclusion des
étrangers fait appel aux aspects les plus sombres de l'humain, la
tentation de désigner des boucs émissaires sommeillant en chacun de
nous».
ats/cht