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L'affiche anti-minarets encore interdite

La campagne anti-minarets est interdite dans plusieurs villes suisses.
La campagne anti-minarets est interdite dans plusieurs villes suisses.
La Ville de Neuchâtel a décidé lundi d'interdire à son tour l'affichage du placard litigieux en faveur de l'initiative "contre la construction de minarets". L'affiche jugée "haineuse" sera proscrite sur tout le territoire communal. Les municipalités vaudoises de Morges et Nyon lui emboîtent le pas.

Le Conseil communal (exécutif) de la Ville de Neuchâtel a pris
sa décision lundi matin lors d'une séance où la question de
l'affiche controversée figurait à l'ordre du jour. Selon un
communiqué, l'exécutif recommande en outre de voter «non» à
l'initiative visant à interdire la construction de minarets en
Suisse.

"Droits fondamentaux bafoués"

Le texte soumis au peuple suisse le 29 novembre prochain porte
atteinte à de nombreux droits fondamentaux inscrits dans la
Constitution fédérale, estime le Conseil communal. Selon lui, les
musulmans en Suisse cohabitent sans violence avec d'autres
communautés religieuses. Ils ont droit à un traitement
équitable.



En outre, le Conseil communal refusera toute autre forme d'affiche
reprenant de façon belliqueuse la forme du minaret. Selon le
Conseil communal, ce mode de représentation est "totalement
irrespectueux de la communauté musulmane et de l'esprit d'ouverture
dont fait preuve la population neuchâteloise" à son égard.

Limite posée à Morges et Nyon

Les municipalités vaudoises de Nyon et Morges ont également
décidé d'interdire les affiches anti-minarets du comité
d'initiative composé de membres de l'UDC et de l'UDF, se mettant au
diapason de Lausanne.



Les autorités doivent marquer les limites à ne pas franchir, y
compris dans le débat politique. "On ne peut autoriser l'affichage
d'un message aussi infamant sur le domaine public", écrit lundi la
municipalité de Nyon. Elle dit avoir fait siennes les conclusions
de la Commission fédérale contre le racisme.



Pour Morges, ces affiches suggèrent que la minorité musulmane
représenterait un danger redoutable. La municipalité estime que les
affiches bafouent les valeurs comme la liberté de confession, le
respect de la dignité humaine et l'interdiction de toutes
discriminations.



ats/os

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Les villes divisées

Les membres de l'Union des villes suisses sont unanimes à critiquer l'affiche de l'UDC montrant une femme voilée à côté d'un drapeau suisse transpercé par des minarets.

Mais dans la difficile pesée d'intérêts entre la liberté d'opinion et l'interdiction de toute discrimination, les choix opérées sont bien différents.

En règle générale, les villes francophones se montrent plus réticentes face à cette publicité. Avant les nouvelles décisions de lundi, les municipalités de Fribourg, Lausanne, Yverdon-les-Bains et Bâle l'ont interdite, tandis que Genève, Zurich, Bienne, Winterthour et Lucerne la toléreront sur leurs murs.

Les autorités des villes ayant autorisé l'affichage ont tenu compte notamment de la liberté d'expression.

L'Exécutif zurichois a toutefois condamné clairement le contenu de l'affiche, estimant qu'il présentait l'islam comme menaçant, négatif et dangereux, ce qui ne correspond pas à la réalité. Il souligne en outre que les rapports avec la communauté musulmane sont bons.